BIFFF 2012Dossierreview

Father’s Day

Fuchman est de retour. Son péché (pas du tout) mignon ? Violer les pères de famille avant de se repaître de leur chair. Sa dernière victime est le géniteur de Twink, un jeune homme qui fait commerce de son corps dans les ruelles sordides. La police est persuadée qu’il est coupable, et le confie au Père Sullivan afin de le remettre sur le droit chemin. Mais quand il devient évident que Fuchman est le véritable responsable, Twink et Sullivan partent à la recherche de Ahab qui a déjà affronté ce monstre et qui est bien décidé à venger son propre père. Le trio parviendra-t-il à déjouer les plans diaboliques du serial violeur ?

FATHER’S DAY est la production Troma de l’année dans le programme du Brussels International Fantastic Film Festival. Habitué du Festival, Lloyd Kaufman était là pour présenter son dernier bébé, ainsi que Jeremy Gillespie, l’un des réalisateurs et membre de Astron-6 qui est à l’origine du film.
Astron-6 est un collectif de cinq gars, Jeremy Gillespie donc, mais aussi Matthew Kennedy, Conor Sweeney, Adam Brooks and Steven Kostanski. Ces types-là font tout, absolument tout, du sol au plafond. Tour à tour réalisateurs, scénaristes, acteurs, producteurs, directeurs photo, cascadeurs, responsables des effets spéciaux, compositeurs… ils œuvrent principalement dans le format court dans leur Canada d’origine.
FATHER’S DAY était conçu comme un faux trailer, mais Kaufman les a convaincus de passer à la vitesse supérieure, et bien leur en a pris.

Le film est proposé comme la première partie d’une fin de soirée de chaîne de TV sordide, suivi d’un sous-Star wars et du traditionnel film érotique. Ne vous réjouissez pas trop vite : Star Raiders ne fait l’objet que d’un court trailer aux deux-tiers du film, et Sexy Beach est à peine évoqué. L’habillage 80’s de la fausse chaîne de TV est kitch à souhait, et permet au spectateur de remonter le temps.
Dans la lignée des grindhouses que Tarantino et Rodriguez ont remis au goût du jour, FATHER’S DAY est un film à la pellicule sale, dans tous les sens du terme. Visuellement, cela ressemble à une vieille VHS des années 80, avec ses impuretés, sa photo fade et ses éclairages bleus et rouges. Le film en reprend aussi les codes, le méchant classique de slasher et l’anti-héros au passé trouble par exemple. Pour les plus anciens : on est à la maison.
Mais c’est sans compter la volonté du collectif de toujours aller plus loin – ils ne pouvaient que s’entendre avec Troma. Là où on avait l’habitude de voir de la blonde stupide à forte poitrine se faire trucider par le vilain du film, avec un symbolisme sexuel plus ou moins évident, Astron-6 nous propose des viols d’hommes mûrs assez explicites. Voilà qui peut choquer le public, surtout quand celui-ci est essentiellement masculin. On se rassure, FATHER’S DAY offre son lot de petites pépés dénudées, toutes stripteaseuses en plus.
Rien ne nous est épargné : énucléation et mutilation sexuelle en gros plan, inceste, abus de drogues, de l’extrêmement gore à foison… Bien sûr la religion n’est pas épargnée, mais on s’en serait douté avec un jeune prêtre comme personnage principal. L’un des buts avoués des membres d’Astron-6 est d’arriver à choquer le spectateur qui est maintenant habitué à voir de la violence gratuite dans les films les plus mainstream. Ils y parviennent avec brio.

Mais à l’image des autres productions Troma, FATHER’S DAY est aussi et avant tout une comédie. Les dialogues sont tellement clichés qu’ils en deviennent drôles. Les situations ridicules se succèdent – un homme barbu avec un bandeau sur l’œil peut passer pour une femme avec une simple robe et une perruque blonde, vraiment ? – jusqu’à un twist final qui vire à la gaudriole. Astron-6 ne se prend pas au sérieux.

Irrévérencieux, gratuit, pervers, drôle… Sans conteste le film parfait pour la séance de minuit du BIFFF.
Si vous en avez assez des films propres sur eux, jetez-vous sur FATHER’S DAY. Mais mettez des gants d’abord, vous pourriez vous salir.

Retrouvez nos chroniques du BIFFF 2012.

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