Feast
USA - 2006 - John Gulager
Interprètes : Krista Allen, Balthazar Getty, Henry Rollins, Eileen Ryan, Diane Goldner
Inspiré par le concept de la télé réalité américaine « Project Greenlight » produit par Matt Damon et Ben Affleck, Miramax pour cette troisième année lance un appel à candidatures pour des scénaristes en herbe dans le but de produire une fiction en hommage au genre. Initiative intéressante quand on sait que l’objectif de l’émission est de mettre en avant un projet amateur et de le concrétiser par le biais de leur société. Pour l’occasion, ils ont même fait appel à Wes Craven en qualité de producteur et choisi le scénario FEAST comme projet.
On aurait pu s’attendre à une bouse infâme rien qu’à la participation d’Affleck à la production, eh bien non ! Le résultat est plutôt surprenant pour un programme de télévision. C’est même une agréable surprise.
FEAST est un excellent film de monstre qui nous en met plein la figure et ce, sur toute la durée du métrage ! Et ça faisait bien longtemps qu’on ne s’était pas pris une telle claque devant un film de monstre !
Oubliez les modèles traditionnels de films de genre où les trames scénaristiques abordent une intrigue à base de monstres hideux. Supprimez de vos pensées le nombre incalculable de films qui reprennent à l’identique des séquences des excellents PREDATOR et au-tres ALIEN. FEAST démarre direct en cinquième vitesse, laissant derrière lui à la dixième minute un charclage unique en son genre.
Le film bascule d’entrée de jeu dans un grand spectacle gore, dans lequel tous les personnages d’un bar situé en plein désert vont en prendre pour leur grade. Car en effet, aucune ritournelle prise de tête, ni de morale déplacée ne sont à déplorer dans ce film. Place au divertissement avant tout, aux séquences outrancières bien baveuses – et surtout très réussies. Pour ce qui est de l’histoire, elle se résume à l’arrivée d’un couple en panique, victime sur leur route de monstres sanguinaires. À peine entré dans le bar, et le temps d’expliquer ce qui se passe à l’extérieur, un des monstres (probablement le jeunot de la troupe), surgit et décapite le mari puis divers clients. Dix minutes de pure folie. Décapitations, démembrements, dépeçage d’un visage… Tout le monde y passe. Le mieux pour eux aurait été de ne pas être dans ce bar ce jour-là. S’ensuit alors une lutte contre cette vilaine troupe de bestioles sortie de nulle part. Et les chances de survie pour les derniers rescapés sont maigres, voire nulles.
FEAST est un incroyable divertissement. Il n’y va pas de main morte. Conçu essentiellement dans le but d’en montrer sans jamais s’autocensurer, le film est une véritable machine de guerre. Le sang tâche tout ce qui se trouve dans le champ de la caméra, qui même elle, frémit devant la première créature. John Gulager est le réalisateur qui a été choisi pour le projet, fils de Clu Gulager qu’on a pu voir, entre autres, dans LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS et LA REVANCHE DE FREDDY. Deux films qui ont probablement marqué l’esprit de son jeune fils car celui-ci s’est inspiré, en effet, du cinéma de genre des années 80 pour concevoir son FEAST. Il en résulte ainsi un film politiquement viscéral. Le réalisateur a un excellent sens du rythme et, au vu du produit final, il est clair qu’il n’a pas eu peur des excès. Gulager comme Jason Mewes, Henry Rollins et Balthazar Getty font une apparition dans le film. Pour la plastique de la créature, une nouvelle fois, le film nous renvoie vers des productions antérieures. Imaginez un peu ce que pourrait donner l’accouplement entre la créature du DEMON D’HALLOWEEN (Stan Winston) avec les lickers des jeux RESIDENT EVIL. Dotés d’une mâchoire effrayante (les dents sont acérées comme des lames de rasoirs), les monstres de FEAST feraient presque passer la gueule du PREDATOR pour celle d’un cousin éloigné.
FEAST s’établit dans un seul et même décor, le bar, et l’exploite en long, large et travers. Donnant au film un cachet « thriller à suspense » non négligeable. Point de révélation, ni de discours interminable, le film se contente d’en dévoiler très peu sur l’origine des mon-stres et des personnages. Les survivants n’ont qu’un seul sujet en tête, celui de s’en sortir en un seul morceau. Et quand le film tente de reprendre le poncif usé jusqu’à l’os où un personnage se sacrifie afin de récupérer l’un des véhicules à l’extérieur, tout ça dans le but de sauver la troupe, c’est pour mieux nous surprendre, puisque la jeune femme préférera illico se faire la malle plutôt que de s’arrêter devant la porte du bar !
FEAST est donc une agréable surprise. C’est un film fun et décomplexé, pourvu d’effets spéciaux et d’une bande sonore à en ravir plus d’un.
Véritable film d’horreur, FEAST n’a pas fini de faire parler de lui. Une petite perle gore à découvrir d’urgence !
- Article rédigé par : Michael Abbate
