February
Les vacances approchent pour les jeunes filles d’un prestigieux institut. Kat, jeune fille timide et renfermée fait un rêve étrange dans lequel le spectre de son père vient lui annoncer la mort de son épouse et de lui-même lors un accident de voiture. Aussi quand ses parents sont absents à son récital et semblent en retard pour venir la chercher pour les vacances, Kat est aussitôt convaincue qu’ils sont morts. Devant rester à l’institut, Kat se retrouve avec Rose, une adolescente plus âgée et plus mature qui éveille en elle la jalousie. Rose finit par assister à des choses bizarres, le comportement de Kat devenant de plus en plus effrayant comme si elle était possédée par quelque chose.
Osgood Perkins, le réalisateur de FEBRUARY, passe derrière la caméra pour son premier long-métrage. Acteur ayant fait ses débuts dans PSYCHO II de Richard Franklin, il passera plus tard à l’écriture de scenarii notamment pour QUAND TOMBE LA NUIT de Tze Chun en 2013. Et pour son premier long, un second étant apparemment en route, il s’attaque au sujet délicat des jeunes filles. L’institut, les secrets, l’occulte tout ça nous faisant penser immédiatement à SUSPIRIA, mais aussi au sujet, plus galvaudé dans l’horreur, de la possession démoniaque.
S’éloignant définitivement du modèle de L’EXORCISTE, FEBRUARY se veut subtile. Et l’on doit dire que pendant la première heure, en dépit de quelques longueurs et d’un regrettable choix de changer le point de vue et l’ordre de la narration, le film parvient à susciter quelques frissons, notamment lors une scène glaçante dans laquelle une silhouette se prosterne devant les flammes de la chaudière. La jeune actrice parvient très bien à rendre la bizarrerie de plus en plus présente chez son personnage. Le choix des ellipses semble judicieux et participe au sentiment d’étrangeté familier chez le spectateur. Malheureusement, cela ne dure pas, et le film s’emmêle ensuite les pinceaux pour donner lieu à un cafouillis scénaristique.
Le principal problème du métrage est la trame narrative. En effet, l’histoire nous fait suivre trois jeunes filles, Kat, Rose et Joan. Rapidement, on comprend que Joan est en fait une piste trompeuse, puisqu’il s’agit d’un flashforward – un bon en avant dans le temps. Ainsi le film, après quarante minutes plutôt intrigantes, bascule dans des allées et venues dans la courbe temporelle du récit, flashback puis flashforward s’enchaînant, le tout dans le but de perdre le spectateur pour ensuite tout lui expliquer. Au mieux, vous faites partie des gens ayant compris dès le début, et cela vous exaspère et vous ennuie ; au pire, vous n’avez rien compris, et là, vous avez franchement l’impression que le film se déroule sans vous. En effet, on a plus l’impression qu’il s’agit d’un effet de style, pompeux et prétentieux, qui exclut le spectateur du métrage.
Outre cela, le métrage a quelques longueurs et passe complètement à côté de son sujet, pourtant intéressant, du fait d’une trop grande accumulation de fausses pistes. C’est l’histoire de Joan qui pose le plus problème. Le film tente de la faire passer, dans un premier temps, pour une victime de maltraitance, puis la cible potentielle d’un pédophile, avant de retourner sa veste pour un twist dont on se serait bien passé. Résultat, la fin qui partait d’une idée plutôt originale est manquée puisque le spectateur a été perdu en route. Dommage.
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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer
- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà