Fedora

Un texte signé Stéphane Pretceille

USA - 1978 - Billy Wilder
Interprètes : William Holden, Marthe Keller, José Ferrer, Frances Sternhagen

Une ancienne gloire d’Hollywood, Fedora, se jette sous un train. Le producteur Barry Detweiler se souvient. Il l’a connue à l’époque où elle était célébrissime, à l’apogée de sa gloire. Des années plus tard, il se souvient aussi de celle qu’il recherchait pour lui proposer de jouer dans un film qui lui permettrait, grâce à son nom, d’obtenir le financement des studios hollywoodiens. Retirée à Corfou, Fedora, avait mis un terme à sa carrière cinématographique, ne fréquentant qu’un cercle restreint d’amis dont la comtesse Sobryanski, qui la protégeait avec un zèle particulier. C’est à l’heure des funérailles que Barry Detweiler apprendra de la bouche de la comtesse, l’histoire tragique de celle qui fut, aux yeux de millions spectateurs, la grande star Fedora

Réalisé par Billy WILDER en 1978, Fedora est un film d’un autre temps, attaché à un cinéma américain où le pouvoir se partageait entre les grands studios et le star system, pas celui des réalisateurs dépressifs autopsiant unes société américaine malade de sa violence, d’une violence aux couleurs du traumatisme de la guerre du Viet-Nâm ou encore celle provoquée par les mouvements des droits civiques des noirs. Alors que l’Amérique se réveille avec une sale gueule de bois, ce qui permet à des réalisateurs aussi doués que Martin SCORSESE, Brian DE PALMA ou encore Francis FORD COPPOLA de filmer les errements d’une nation désenchantée, à contre-courant, Billy WILDER avec FEDORA, opère un retour dans un passé nostalgique.

A travers le personnage du producteur joué par William Holden, Billy WILDER, tente de ressusciter un cinéma qui n’existe plus. Fedora, cette star qui s’est retirée du monde, conservant ainsi tout son aura auprès du public, permettrait à celui qui la pourchasse de revenir dans la course à Hollywood, sa quête consistant à la convaincre de tourner pour lui dans une adaptation d’Anna Karénine de TOSLTOI. Dans son obstination pour obtenir son accord, il se refuse à entendre son entourage qui ne cesse de le prévenir que FEDORA a une santé fragile, qu’elle n’est plus tout à fait elle-même. Critiquant à la fois un cinéma dans lequel il ne se reconnaît plus, le réalisateur Billy WILDER, livre aussi un regard féroce sur un système Hollywoodien qui dévore ses propres enfants, un monde malade de sa beauté qui se refuse à accepter l’inévitable.

On ne retrouve pas dans l’avant-dernier film du réalisateur son humour grinçant, nous sommes bien loin de « La grande combine » ou « Certains l’aiment chaud ». Pas une seule trace de dérision dans le traitement de ce drame. Le sérieux avec lequel est mené de bout en bout cette histoire est surprenant pour celui qui a réalisé autant de comédies alertes, vives qui sont devenues des classiques de la comédie américaine. Si pour des films noirs comme « Boulevard du crépuscule », cette absence de second degré ne faisait pas défaut tant le film était prenant, tiré au cordeau, pour Fedora, cela nuit beaucoup à cette histoire si tragique soit-elle. En effet, si le film recèle son lot de surprises et de péripéties, il souffre d’une réalisation empesée, pesante. Billy WILDER avait à l’époque du tournage plus de 76 ans. Difficile de reconnaître sa patte dans ce FEDORA. Pour clore le tout, on constatera que l’actrice Marthe KELLER a tendance à en faire des tonnes dans le rôle de Fedora, ce qui malheureusement participe à l’absence d’empathie ressentie devant la tragédie de son destin.


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- Article rédigé par : Stéphane Pretceille

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