Un texte signé Michaël Guarné

Japon - 1986 - Hideo Gosha
Titres alternatifs : Gokudo No Onnatachi
Interprètes : Iwashita Shima, Katase Rino, Sera Masanori

retrospective

Femmes de Yakuza

Après trois films adaptés de la romancière Tomiko Miyao mettant en avant le rude destin des geishas, Hideo Gosha dépeint avec FEMMES DE YAKUZA le milieu de la pègre d’un point de vue volontairement féminin. Ce yakuza eiga est assez différent de la production habituelle du genre donc, vu qu’il ne présente pas les femmes en question comme étant soumises et dévouées à leurs caïds. Ce sont en effet ces mêmes femmes qui dirigent leurs clans, leurs maris étant morts ou en prison le plus souvent.
C’est d’ailleurs le cas de Tamaki, interprétée par la belle Iwashita Shima, qui est à la tête de plus de cinq cents hommes dans la ville d’Osaka. Mokoto, la sœur de Tamaki, tombe malgré elle amoureuse d’un gangster faisant partie d’un clan opposé. C’est le début des ennuis et des tensions entre les deux sœurs…
Alors que le fond paraissait plutôt original, on est malheureusement vite lassé par la forme. L’esthétique excessivement kitsch propre à la fin des années 80 est d’un mauvais goût certain, surtout si on l’a compare à celle des productions du même réalisateur datant des années 60 ou 70. Il suffit de revoir HITOKIRI par exemple, qui s’avérait autrement plus ambitieux et réussi à ce niveau pour s’en rappeler. La réalisation en elle-même demeure bien trop faiblarde pour du Gosha qui a prouvé à de nombreuses reprises qu’il pouvait faire mieux. Aux antipodes d’une mise en scène musclée caméra à l’épaule façon Fukasaku, ce film de yakuza est trop calme ; on subit ainsi pas mal de séquences en plans fixes. Quant à l’histoire, elle s’embourbe toute seule dans les habituels problèmes de successions, trahisons et alliances, trois termes inséparables de celui de yakuza.
Il faut bien l’avouer, FEMMES DE YAKUZA évoque à bien des égards le soap-opera. Le traitement du scénario, les relations entre les personnages, sans parler des actrices qui, comme Kasate Rino, en font un peu trop : beaucoup d’éléments amènent le spectateur à penser qu’il regarde un feuilleton plutôt qu’un film.
Le constat est donc regrettable. Le projet partait pourtant sur la bonne voie, le matériau d’origine, un roman de Shoko Ieda basé sur des témoignages de femmes de la pègre, étant vraiment prometteur. L’adaptation qui en découle reste plate, même si on saluera à nouveau la place accordée aux personnages féminins, trop souvent mis à l’écart par d’autres réalisateurs dans ce genre très codifié qu’est le yakuza eiga. Gosha revient par ailleurs l’année suivante avec TOKYO BORDELLO, qui se veut plus péchu, le scénariste de Fukasaku sur COMBAT SANS CODE D’HONNEUR étant notamment de la partie.


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- Article rédigé par : Michaël Guarné

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