Festival international du film fantastique de Gérardmer 2016

Un texte signé Sophie Schweitzer

Sans neige, le festival du film fantastique de Gérardmer n’est pas tout à fait le même. Et cette année, c’est sous une pluie battante que les festivaliers se rendaient joyeusement aux séances. En dépit d’une météo pas franchement folichonne, le public était néanmoins au rendez-vous, traquant comme chaque année LA perle rare, s’abreuvant de films fantastiques et barrés, cherchant générosité et parti pris, films envoûtants et imaginatifs. Il faut bien l’avouer, Gérardmer, c’est la grande messe du cinéma de genre à laquelle on se rend avec un dévouement presque sacral.

L’ambiance festivalière est toujours présente à Gérardmer ! Entre bonne humeur et passion, on discute, on débat et on rencontre des gens à la culture cinématographique impressionnante ! Entre le bar du Grand Hôtel où on retrouve les équipes des films toujours disponibles, ouvertes à la discussion, et les bars de la ville moins formels où on peut bavarder avec les festivaliers, il y a toujours de l’animation dans les rues de Gérardmer !

En compétition, on a eu droit à un western ultra violent à l’atmosphère fantastique BONE TOMAHAWK avec le cultissime Kurt Russel qui fait un retour au cinéma plutôt bien vu, et qui, ici, reprend un rôle assez proche de celui qu’il campe dans LES HUIT SALOPARDS de Tarantino. Il y avait aussi l’atmosphérique, kafkaïen et bizarre ÉVOLUTION qui avait déjà remporté un prix au PIFFF ; puis, l’électrique, complètement fou et généreux THE DEVIL’S CANDY qui n’a pas volé son Prix du Public. On a pu revoir, également, le très bon film à sketchs SOUTHBOUND à l’ambiance sud poisseux infernal de bon ton. Mais la perle cette année, c’était l’étonnant et redoutable THE WITCH qui, sous ses allures de drame familial, distille une atmosphère fantastique diabolique comme on en voit rarement, un vrai film de sorcière, païen à souhait, dans lequel l’horreur s’insinue par tous les pores !

Hors compétition, on se sera régalé devant COOTIES, on aura tremblé devant la terrifiante histoire du tournage de L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU dans le génial documentaire LOST SOUL, on aura découvert les secrets du maquillage de monstres dans le très complet documentaire LE COMPLEXE DE FRANKENSTEIN et on aura passé un bon moment devant BURYING THE EX qui sans être folichon reste du sympathique divertissement comme tente de l’être également PAY THE GHOST.

Il y avait aussi du mauvais, comme LE FANTÔME DE CANTERVILLE en séance jeunesse, le très brouillon et ennuyeux FEBRUARY, pourtant en compétition, qui avait de très belles idées, mais qui manquait clairement de consistance. Le pire étant JERUZALEM qui a pourtant reçu le Prix du Jury en dépit de sa mauvaise qualité d’image et l’impression très étrange qu’il laisse au spectateur d’être une publicité d’une heure trente pour des google glass.

Heureusement, l’hommage rendu à Wes Craven nous proposant de revoir en salle l’excellent métrage LE SOUS-SOL DE LA PEUR avait de quoi permettre à l’aficionado de films de genre de se ressourcer. Et la présence d’Alejandro Jodorovsky nous a illuminés (littéralement). Mention spéciale pour la projection en 35mm de l’excellent et cultissime LA MONTAGNE SACRÉE. Hommage qui coïncide d’ailleurs avec la sortie en salles du documentaire JODOROVSKY’S DUNE.


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà

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