Fièvre au Lycée

Un texte signé Tom Flener

USA - 1980 - Gary Graver (Robert McCallum)
Titres alternatifs : Coed Fever
Interprètes : Annette Haven, Lisa de Leeuw, Serena, Vanessa del Rio, Jamie Gillis, John Leslie

Le père de Kimberley (Annette Haven) décide de faire publier un article sur l’association d’étudiantes de sa fille. Afin de projeter une image correcte, les filles vont devoir se distancer de leurs petits amis de la « Uppa U Omega Fraternity ». Ceux-ci ne se laissent pas faire, et avec l’aide d’une stripteaseuse (Vanessa del Rio), ils décident de contre-attaquer.
Décédé en 2006, Gary Graver dirigea plus de 130 films au cours de sa carrière, surtout des films pour adultes. Avec des titres comme, entre autres, 3 A.M. (1975), V : THE HOT ONE (1978), THE ECSTASY GIRLS (1979), AMANDA BY NIGHT (1981), et COED FEVER, il joua un grand rôle au sein d’une première vague de réalisateurs s’efforçant de produire des œuvres pornographiques de substance.
Mais son importance ne s’est pas limitée à ce seul genre. Cinéaste de qualité, il a travaillé non seulement avec Orson Welles, mais aussi avec des légendes du navet comme Al Adamson (DRACULA CONTRE FRANKENSTEIN en 1971). Gary Graver se considérait lui-même comme quelqu’un qui pouvait faire un film avec un budget réduit. Il semble donc normal qu’un réalisateur doué de ce talent ait œuvré majoritairement dans les séries B et le porno.
Ainsi, il faut admettre que la photographie et la qualité générale de FIEVRE AU LYCEE en tant que long-métrage sont plus qu’honnêtes. Considérant les ressources probablement assez limitées à la disposition du réalisateur, et le temps de tournage assurément court, le film est finalement regardable, et l’aurait même été sans les scènes explicites. Certes, le résultat ne gagnera pas de prix, et l’humour fera rire surtout les moins discriminants. D’un autre côté, la mise en scène est compétente, le rythme assez dynamique, et le film raconte une histoire (même si elle reste assez simpliste).
Pour tous ceux que cela laisserait sur leur faim, reste néanmoins le plus grand atout qu’a FIEVRE AU LYCEE sur de simples comédies érotiques : le sexe. Avec ce film, Gary Graver vise la fascination que les Américains ont pour leurs lycéennes (attraction sexuelle aucunement monopolisée par les Japonais). Contrairement à un autre film-culte du genre, DEBBIE DOES DALLAS, réalisé en 1978, FIEVRE AU COLLEGE ne parvient néanmoins pas à nous présenter des actrices convaincantes en tant que lycéennes. Annette Haven ou Serena, aussi attirantes soient-elles, n’ont ni l’apparence ni l’âge adéquat.
Toutefois le spectateur, majoritairement mâle, ne boudera pas son plaisir. Gary Graver rassemble un who’s-who du porno américain de l’époque, avec des actrices et des acteurs considérés aujourd’hui comme des légendes de l’âge d’or du film pornographique américain.
Jamais extrême, le sexe dans FIEVRE AU LYCEE ne vire pas au déplaisant, contrairement à ce qu’on trouvait plus souvent dans les films issus de la scène new-yorkaise (FORCED ENTRY ou WATER POWER, pour ne nommer que deux des films les plus connus). Ainsi, FIEVRE AU COLLEGE se retrouve dans la même veine que DEBBIE DOES DALLAS, un film au fond inoffensif (pour ceux que la pornographie ne gêne pas), et qui reste loin que ce qu’on nous offre aujourd’hui comme pratiques sexuelles dans certains gonzos.
Côté acteurs, FIEVRE AU LYCEE nous propose des performances limitées, mais néanmoins présentes. John Leslie et Jamie Gillis (mort le 19 février 2010 !) s’avèrent les plus talentueux du côté des hommes, tandis qu’Annette Haven peut convaincre dans ses scènes moins explicites. En effet, sa contribution au niveau purement physique reste limitée ici, et c’est surtout dans une scène de punition (la seule scène plus noire dans une œuvre très digeste) qu’elle montre une intensité plutôt rare pour une actrice de film X.
L’ensemble n’est pas à prendre au sérieux (il suffit de voir le costume du père de Kimberley pour s’en convaincre), et le résultat se laisse regarder sans regret. Une bonne contribution à la filmographie de son réalisateur, FIEVRE AU LYCEE nous offre un casting fort, enthousiaste et badin pour un scénario purement fonctionnel. Finalement, reste dans la mémoire surtout la scène de punition, d’une intensité remarquable, mais qui s’intègre parfaitement dans ce film au final très agréable.


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- Article rédigé par : Tom Flener

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