Firenze Rossa, Florence décadente

Un texte signé André Quintaine

David Didelot, auteur du roman Firenze Rossa, est passionné de cinéma de genre transalpin, et ça ne date pas d’hier.

Par exemple, il y a trente ans, David donnait le jour au fanzine Vidéotopsie. Le premier numéro était entièrement consacré à l’improbable réhabilitation du Virus Cannibale de Bruno Mattei. À l’époque, les fans de cinéma de genre étaient aussi admiratifs que dubitatifs.

De nos jours, plus personne ne remet en question les qualités du film de Bruno Mattei, un peu grâce à David Didelot.

Firenze Rossa, édité chez Zone 52 dans la collection Karnage, démontre que David Didelot est également fin connaisseur de gialli…

Des crimes épouvantables sont perpétrés à Florence… Les victimes, filles frivoles aux mœurs légères, sont retrouvées mutilées dans les rues chaudes de la ville… L’inspecteur enquête et se demande si les meurtres n’auraient pas un lien avec ceux perpétrés, il y a plusieurs années, par un psychopathe surnommé Il mostro di Firenze…

« Malgré l’insouciance de l’époque, les Florentins les plus respectables tenaient encore à leur cité et s’inquiétaient pour son avenir. Mais la période était à l’ostentation vulgaire et à la satisfaction effrénée des désirs immédiats : pour un Botticelli de perdu ou un palazzo inondé, une nouvelle Lilli Carati dans les magazines et dix nouveaux films érotiques à l’affiche (…) L’esprit de jouissance vaincra, c’est le cours des choses.»

Visite touristique pas comme les autres

Ce n’est pas un hasard si Firenze Rossa se déroule à Florence…

La capitale de la Toscane a vu naître la Renaissance en Italie ; elle est universellement reconnue comme l’un des berceaux de l’art et de l’architecture.

Pourtant, lorsque Michel-Ange, Botticelli ou Léonard de Vinci sont évoqués au sein des pages de Firenze Rossa, c’est pour mieux exposer la décrépitude actuelle de la ville, en tournant bien comme il faut le couteau dans la plaie.

Ainsi, les événements traités dans le livre exposent le chemin parcouru par la cité depuis ses fastes années. Pour appuyer la démonstration, le roman exploite les déviances sexuelles exposées crûment, c’est peu de le dire…

Pour mémoire, les années 90 qui accueillent le récit étaient le berceau d’une variante du porno bien nommée hard crade… Or, Firenze Rossa s’inscrit pleinement dans ce courant quand il s’agit d’aborder le sexe, et cela arrive souvent. Ainsi, les protagonistes qui ont tous et toutes le feu aux fesses s’adonnent à des coïts violents, pervers, sales, misogynes, humiliants, très éloignés des jeux sexuels explorant des plaisirs partagés et bienveillants.

« Leonardo n’avait pas bougé, stupéfait et horrifié. Sa queue souillée pendant lamentablement entre ses cuisses velues, et l’inconnue lui saisit alors les couilles à pleine main : de ses petits doigts gantés, elle lui broya les testicules et le garçon sentit ses boules exploser sous la pression… »

Michel Ricaud à la rescousse

La description des perversions contraste remarquablement avec l’image habituellement renvoyée par la ville. Si la dissonance fonctionne si bien, c’est aussi parce que David Didelot met un point d’honneur à offrir au lecteur un cadre réaliste. Ainsi, on ne compte pas les noms de rues cités. Le dépaysement est parfait, d’autant plus que David Didelot maîtrise parfaitement les descriptions. Les nombreux clins d’oeil au cinéma érotique de l’époque, quant à eux, accentuent encore le réalisme qui se dégage de l’ensemble.

Bien sûr, le récit est parfaitement rythmé, faisant de Firenze Rossa un excellent page-turner ; pas facile de reposer le bouquin une fois qu’on s’est mis dedans…

Au début du roman, l’outrance des propos tenus par les personnages peut désarçonner. N’abdiquez pas. Firenze Rossa a besoin de ces descriptions pour nous faire ressentir le déclin moral et artistique.

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Pour rester dans l’esprit, mais en pellicule :

Le vrai Monstre de Florence


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks... Passionné de cinéma de genre, oeuvre également sur les blogs ThrillerAllee consacré au cinéma allemand et L'Écran Méchant Loup dédié aux lycanthropes au cinéma

2 réflexions sur “Firenze Rossa, Florence décadente

  • 1 octobre 2022 à 10:46 pm
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    Merci pour ces mots André, content que le livre t’ait plu !

    • 3 octobre 2022 à 6:16 am
      Permalien

      Un très bon livre dans une excellente collection.

Commentaires fermés.

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