retrospective

Flash Gordon – le soldat de l’espace

Classique réputé du serial, FLASH GORDON LE SOLDAT DE L’ESPACE adapte les célèbres bandes dessinées d’Alex Raymond et en reprend les grandes lignées pour un spectacle en noir et blanc…mais néanmoins haut en couleurs. Lancé en 1934 pour concurrencer « Buck Roger », le comic se poursuivit jusque la mort accidentelle de Raymond en 1956, donnant le temps nécessaire à Flash pour vivre de nombreuses aventures à travers l’espace. Repris ensuite par d’autres dessinateurs et scénaristes, Flash Gordon (alias Guy l’Eclair pour les lecteurs français) existe toujours et continue de combattre la tyrannie.
Datant de 1936, FLASH GORDON LE SOLDAT DE L’ESPACE constitue la première apparition du héros sur les écrans et sera suivi par deux autres serials, FLASH GORDON’s TRIP TO MARS en 1938 et FLASH GORDON CONQUIERS THE UNIVERSE en 1940, avant de connaître un excellent détournement comico porno avec FLESH GORDON puis un remake aussi kitsch que jouissif en 1980.
L’intrigue de ce premier serial, forcément, revient au fondamentaux du personnage et débute alors que le champion de polo Flash Gordon voyage en avion en compagnie de la belle Dale Arden. Un voyage perturbé par de dangereux phénomènes climatiques, conséquence de l’arrivée d’une nouvelle planète se dirigeant vers la Terre. Après avoir sauté en parachute pour échapper au crash de leur aéroplane, Flash et sa nouvelle amie aboutissent au domicile du savant Zarkov, lequel se propose d’aller à la rencontre de cette planète menaçante à bord d’une fusée de son invention. Emmenant avec lui Flash et Dale afin de remplacer son assistant indisponible, le savant « atterrit » sur la planète, appelée Mongo, et rencontre son dirigeant, le tyrannique Empereur Ming. Celui-ci accepte d’épargner notre Terre mais décide, à la place, de la conquérir par la force et d’épouser Dale. Il jette ensuite Flash dans l’arène et seule l’intervention de sa fille, la coquine princesse Aura, sauve notre héros d’une mort certaine. Flash et Zarkoff devront batailler durement pour rassembler les opposants de Mongo et lever une armée capable de renverser le despote avant que ce-dernier ne s’empare de la Terre.
Doit on encore rappeler l’influence prépondérante de FLASH GORDON sur George Lucas, lequel souhaitait en adapter les aventures avant de se consacrer à STAR WARS faute de pouvoir en acquérir les droits ? Ou rappeler l’importance du serial dans la culture américaine, ces films à épisodes étant né dès 1912 pour connaître leur âge d’or dans les années 30 avant de disparaître au milieu des années 50, balayé par leurs modernes successeurs, les séries télévisées que l’on appelait encore à l’époque, avec mépris, les feuilletons ? Programmés dans les cinémas avant le « grand film », le serial était un long métrage d’environ quatre heures, découpés en une douzaine de chapitres durant chacun environ vingt minutes. Chaque épisode se concluait invariablement par une situation périlleuse (dénommée « cliffhanger ») mettant en péril la vie du héros ou d’une demoiselle en détresse. Réalisés à la chaine avec un budget de misère, les serials étaient des produits de consommation courante même si certains ont, depuis, acquis leurs lettres de noblesse. FLASH GORDON LE SOLDAT DE L’ESPACE est de ceux là et un budget important (du moins par rapport aux standards du serial) a permis de recréer les décors impressionnants demandé par cette épopée spatiale. Evidemment, selon les standards actuels, ce film paraitra sans doute ringard, les effets spéciaux risibles n’aidant guère à l’implication du spectateur, déjà mise à mal par une naïveté absolument terrassant. Cependant, FLASH GORDON LE SOLDAT DE L’ESPACE maintient l’intérêt par une intrigue divertissante et riche en rebondissement. La plupart des serials se contentaient, en effet, d’additionner les péripéties sans beaucoup de logique, se concentrant uniquement sur le fameux « cliffhanger » final pour donner au spectateur l’envie de revenir la semaine suivante dans la même salle de cinéma. En se basant sur une bande dessinée connue et, par conséquent, sur un script existant plus riche et mieux construit FLASH GORDON LE SOLDAT DE L’ESPACE évite ce travers. Le film contourne ainsi, astucieusement, le sentiment de remplissage commun à de nombreux serials et parvient à ne pas délayer l’action sans donner l’impression d’entretenir artificiellement le suspense. En dépit de ses invraisemblances criantes et d’une psychologie rudimentaire, l’ensemble s’avère donc amusant et plaisant, reproduisant, certes avec beaucoup de naïveté, l’atmosphère des romans de science-fiction à deux sous dans lesquels des héros au cœur pur se trouvent, malgré eux, plongés dans une guerre galactique totale. Le rythme, lui, ne faiblit pas et FLASH GORDON LE SOLDAT DE L’ESPACE déroule son intrigue à toute allure dès le premier épisode qui, en une vingtaine de minutes, présente son héros qui échappe à la mort dans un accident d’avion, vole vers sur une planète inconnue et combat des reptiles géants avant d’être jeté à la merci d’un tyran impitoyable. Dans les chapitres suivants, le spectateur, par l’intermédiaire de Flash Gordon, rencontrera toutes les races étranges peuplant la planète Mongo (les Hommes Oiseaux, les Hommes Requins, les Hommes Lions,…) et affrontera un bestiaire varié comprenant des fauves, un requin, une pieuvre, etc. Des clichés du cinéma d’aventures mais les interprètes, eux, y croient et cela se voit à l’écran, chacun offrant un jeu convaincant et inspiré, que ce soit l’athlétique Buster Crabbe, la séduisante Jean Roger ou l’impressionnant Charles Middleton, délicieux de sadisme suave dans le rôle de Ming l’impitoyable.
En dépit de piètres effets spéciaux et de stock-shots souvent fort visibles FLASH GORDON LE SOLDAT DE L’ESPACE possède encore, après toutes ces années, un réel potentiel d’enchantement régressif pour tous les nostalgiques indulgents, lesquels mettront leur cynisme au vestiaire pour apprécier ce divertissement populaire de qualité.

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