retrospective

Flesh Gordon

La planète court à sa perte : hommes et femmes se perdent en orgies. Les scientifiques s’interrogent et se disputent sur la cause du phénomène qui est finalement identifié par le professeur Gordon : le rayon « sexe », venu de la lointaine planète Porno est la cause de ce dérèglement des sens. Heureusement, Flesh Gordon, le fils du professeur, ira enquêter sur Porno, accompagné de sa fiancée Darlène et du professeur E. Jacule. Leur vaisseau phallique attaqué, ils “apornissent” en urgence et sont capturés par le tyran Wang.
Dans le RETOUR DE…, Flesh Gordon, jouant dans son propre biopic, est viré par son producteur pour incompétence. Juste à ce moment, sa fiancée Darlène est enlevée dans un vaisseau spatial par les trois cheerleaders du titre original. Flesh et Jacule s’embarquent à leur poursuite. Arrivés sur une planète lointaine (une fois de plus), il s’avère qu’un mystérieux tyran masqué envoie un rayon (une fois de plus bis) rendant les hommes impuissants, les femmes frigides, ce qui a pour conséquence de recouvrir de glace la surface d’une partie de la planète. Et ce vil tyran compte bien employer son rayon contre la Terre tout en capturant Flesh Gordon pour se greffer son célèbre membre et rester le seul homme de l’univers capable de satisfaire les femmes.
Intéressant doublé que ces Flesh Gordon, l’un produit en pleine explosion du cinéma pornographique, le second, quand ce cinéma porno avait fait place au règne de la vidéo et du « hard crade ».
Flesh Gordon premier du nom n’est pas une déclinaison parodique du FLASH GORDON de Mike Hodges (1980). Il le précède même de 6 ans et on peut même se demander si Mike Hodges ne s’est pas inspiré de la parodie de Ziehm pour renforcer sa vision « campy ».
Par contre, l’oeuvre dessinée d’Alex Raymond avait déjà été transposée sur grand écran dans les années trente et cinquante. En 1967, une version turque avait même vu le jour (FLASH GORDON’S BATTLE IN SPACE). Il semblerait que le Flesh Gordon de 1974 parodie plusieurs séquences des sérials des années 30’.
Les rapports entre cinéma et comics sont plus que nombreux. Une histoire d’amour permanente, parfois pour le meilleur, souvent pour le pire. Les rapports entre le cinéma coquin et le 9e art ne sont pas non plus si rares, surtout à cette période : ne citons que BARBARELLA, DIABOLIK (pas vraiment purement érotique mais tellement sensuel) , FRITZ THE CAT ou TARZOON (l’oeuvre littéraire de base ayant connu aussi une déclinaison dessinée). Quelques années plus tard, Just Jaeckin livrera à son tour sa version de GWENDOLINE.
Le personnage de Flash Gordon a en tous cas dû stimuler l’imaginaire libidineux de certains puisque, outre les films dont il est ici question, la BD aurait connu dès les années trente une déclinaison pornographique via les « Eight Pagers » (petits fascicules de 8 pages de BD pornographiques alors imprimés et diffusés clandestinement aux USA). Intéressant parallèle car si les « Eight Pagers » (tout comme les premiers superhéros de comics) sont nés après la grande crise de 1929, le film de 1974 s’ouvre lui aussi par un carton annonçant que pour surmonter la crise actuelle, de nouveaux héros vertueux nantis des meilleurs qualités morales font leur apparition. On mesure toute l’ironie… A la même époque, TARZOON de Picha utilisera le même type d’humour.
Howard Ziehm a tourné un dizaine de pornos dans les années septante et a ensuite disparu du monde du cinéma pour revenir en 1989 diriger un ultime film : le RETOUR DE FLESH GORDON.
Howard Ziehm, a tourné les deux opus qui nous intéressent ici à 15 ans d’intervalle. Et dans cette période, le monde a bien changé. La valeur des films s’en ressent. Si le premier est un bon divertissement, le second est une infâme bouse.
Le FLESH GORDON de 1974 n’amusera pas tout le monde mais dispose pour lui de quelques atouts : une histoire sérialesque au possible, renforcée par de très nombreux effets spéciaux souvent réussis. Les amateurs de SFX s’amuseront d’ailleurs à retrouver au générique des noms connus (ne citons que Rick Baker, Greg Jein, David Allen ou Jim Danforth). On relèvera surtout les (relativement nombreuses) séquences en pâte à modeler ou en stop motion. Ray Harryhausen (qui signait à cette époque les effets de SINBAD) n’aurait pas détonné sur ce film. JASON ET LES ARGONAUTES est d’ailleurs presque cité pour une séquence où Flesh, armé d’une épée et d’un bouclier, combat un monstre de forme canine. A côté des séquences animées, on note aussi de belles maquettes (l’époque est aux GODZILLA) ou encore des effets de surimpression. Décors et costumes décalquent le péplum, quelques années avant que Tinto Brass érotise franchement le genre avec son CALIGULA.
L’humour mélange non-sens, absurde, comique langagier, de situation, slapstick (le RETOUR DE FLESH GORDON se termine sur une bataille de tarte à la crème) et évidemment comique égrillard, dans une ambiance digne des grands films Z. Le tout préfigure parfois des scènes qu’on retrouvera plus tard chez les Monty Python, dans la série des Y A-T-IL UN PILOTE DANS L’AVION, ou dans les films de Mel Brooks. Comme souvent dans les comédies érotiques ou absurdes, les citations (« que la chance soit avec moi » ose le RETOUR DE FLESH GORDON, chambrant Georges Lucas) et références abondent : jusqu’au VOYAGE DANS LA LUNE de Méliès ou aux films expressionistes allemands des années 20’ en passant par le KING KONG de 1933.
De l’humour, des demoiselles peu farouches et des très beaux effets spéciaux font de ce FLESH GORDON une oeuvrette éminement sympathique.
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