Folie Meurtrière

Luca Peretti, un inspecteur de police, enquête sur une série de crimes qui ne paraissent pas avoir de liens entre eux. Cependant, au fur et à mesure qu’il poursuit ses investigations, le policier se rend compte qu’il existe réellement un lien entre tous ces meurtres, dont l’origine est l’enlèvement et la mort d’une petite fille, un fait sordide qui s’était déroulé l’année précédente et n’avait jamais été résolu.
FOLIE MEURTRIERE est assurément l’un des thrillers italiens les plus aboutis et violents des années 70. Il est l’œuvre de Tonino Valerii, bien plus connu pour le légendaire MON NOM EST PERSONNE qu’il réalisera deux ans plus tard.
Il faut bien avouer que dans le domaine du giallo, le public connaît essentiellement les œuvres de Mario Bava et Dario Argento, voire celles de Lucio Fulci et Sergio Martino. Le film de Tonino Valerii fait partie des bonnes surprises, parmi les centaines de gialli qui se sont succédés pendant une dizaine d’années. Et même si FOLIE MEURTRIERE a bénéficié d’une sortie vidéo en France en 1983, ce thriller reste méconnu malgré d’indéniables qualités.
Selon un schéma classique, les cadavres s’accumulent au fur et à mesure que les pièces du puzzle s’emboîtent les unes aux autres. Le scénario est solide, et le casting est de qualité.
Endossant le rôle de l’inspecteur Peretti, George Hilton incarne un personnage intuitif et inspiré. Il porte le film sur ses épaules, dans un registre certes moins ambigu que ses prestations dans d’autres films comme STRANGE VICE OF MISS WARDH ou LA QUEUE DU SCORPION, mais la sobriété et la conviction qu’il apporte ici tirent indéniablement le film vers le haut. A côté de lui gravitent, dans des seconds rôles, bon nombre d’acteurs habitués du cinéma de genre italien. Parmi eux, William Berger, éternel second couteau dans les westerns spaghetti et déjà présent dans l’inégal L’ILE DE L’EPOUVANTE de Bava tourné un an plus tôt, Marilù Tolo (CRIME AU CIMETIERE ETRUSQUE) et Helga Liné (LES AMANTS D’OUTRE TOMBE).
La violence du film se situe moins dans les séquences de meurtres (en dehors du teaser et de la fameuse scène de la scie circulaire, FOLIE MEURTRIERE n’est pas à ranger dans la catégorie des thrillers gores) que dans l’étude psychologique de cette famille bourgeoise affectée par une tragédie, dont les faits s’avèrent particulièrement ignobles (les circonstances du décès de la fillette).
Tonino Valerii s’est montré très habile, car chaque membre de la famille constitue un suspect potentiel. Tous paraissent en effet cacher un squelette dans leur placard, et un vent de perversion sexuelle flotte dans cette vaste demeure !
On ne peut que féliciter le réalisateur d’avoir su aborder certains thèmes délicats, comme la pédophilie par exemple, sans jamais tomber dans le mauvais goût.
Une autre habileté du metteur en scène est d’avoir su étoffer la psychologie de chacun des protagonistes, apportant une touche d’humanité à tous ses personnages, et évitant par conséquent de tomber dans un manichéisme primaire.
Si FOLIE MEURTRIERE n’est pas graphiquement spectaculaire, il n’en demeure pas moins fort intéressant, et il bénéficie en plus d’une bonne partition musicale du maestro Ennio Morricone.