Un texte signé Nassim Ben Allal

Italie - 1988 - Umberto Lenzi
Titres alternatifs : Nightmare beach, Welcome to spring break
Interprètes : Nicolas de Toth, Sarah Buxton, Rawley Valverde, John Saxon

retrospective

Fou à lier

Dissimulé sous le pseudonyme aux résonnances anglo-saxonnes d’Harry Kirkpatrick, Umberto Lenzi décide de tourner un nouveau giallo à une époque où le genre, qui a connu son heure de gloire dans les années soixante-dix, est mort et enterré. Dans une tentative de le ressusciter, le réalisateur s’exile aux Etats-Unis le temps d’un tournage où il s’entoure d’un casting exclusivement américain.
Alors que le spring break bat son plein, Skip, en vacances avec son copain Ronnie, rencontre Gail, une jeune femme dont la sœur fut assassinée par Diablo, un biker, exécuté depuis. Alors qu’une romance démarre entre les deux jeunes gens, d’affreux meurtres sont perpétrés par un insaisissable motard tout de noir vêtu qui a transformé le siège passager de son deux-roues en une véritable chaise électrique. Alors que les morts d’innocents s’additionnent, Gail a de plus en plus le sentiment que le tueur n’est autre que Diablo, revenu d’entre les morts. Pour en avoir le cœur net, Skip et elle se lancent dans une dangereuse enquête.
Cinéaste populaire et touche à tout comme beaucoup d’autres réalisateurs de sa génération, Umberto Lenzi n’aura pas été le plus doué. Certes, nombre de ses films se regardent sans déplaisir, à commencer par certains de ses polars comme LA RANCON DE LA PEUR ou encore BRIGADE SPECIALE, sans oublier son diptyque mangeur d’hommes LA SECTE CANNIBALE et CANNIBAL FEROX encore dans toutes les mémoires. S’il s’est aussi frotté à l’exercice stylistique du giallo, Lenzi n’y a jamais été très à l’aise. Certes, EYEBALL et LE TUEUR A L’ORCHIDEE sont loin d’être d’affreux ratages, mais ils s’avèrent bien moins réussis que leurs concurrents de l’époque. Aussi, la volonté du réalisateur de relancer le giallo en le délocalisant a de quoi intriguer, surtout aussi tardivement. Ainsi, en transposant un tueur tout droit sorti de NUE POUR L’ASSASSIN d’Andrea Bianchi sur une plage californienne peuplée de bimbo en bikinis et de montagnes de muscles bronzées a de quoi surprendre mais Lenzi est suffisamment malin (qui a dit roublard ?) pour l’intégrer habilement à son scénario. Si, ici, la plupart des règles du giallo sont respectées (dont la fétichisation du tueur et le rituel de ses crimes, ici centré sur l’utilisation de l’électricité avec des variantes surprenantes), cela ne signifie pas pour autant que le film fonctionne. Esthétiquement daté, NIGHTMARE BEACH se laisse néanmoins regarder, à condition de le considérer comme un slasher américain tels qu’ il en a tant fleuri dans les années quatre-vingt. Doté d’un casting de jeunes têtes à claques et de vieux seconds rôles solides (au premier rang desquels le toujours impeccable John Saxon), NIGHTMARE BEACH navigue entre drame et légèreté, teen comedy et horreur pure sans chercher à privilégier un ton plutôt qu’un autre. Cette volonté affichée abouti alors à la création d’un objet filmique bancal sans aucune atmosphère qui finit par ressembler à un épisode lambda de DEUX FLICS A MIAMI, le charme cabotin de ses interprètes en moins. Co-scénariste de l’œuvre, Lenzi n’hésite pas à piocher les rebondissements dans sa filmographie, allant jusqu’à reprendre le twist final du TUEUR A L’ORCHIDEE. Rythmé par des mises à mort plus ou moins imaginatives, le film est miné par ses séquences de comédies et des bobines entières de concours de t-shirt mouillés qui n’ont rien coûtés à la production car glanés sur les plages et abondamment retranscrites en quasi-intégralité.
Trop opportuniste pour être honnête, réalisé sans grand souci artistique, NIGHTMARE BEACH est à réserver en priorité aux afficionados d’un certain cinéma italien dont il demeure quelques brins d’ADN.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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