Frankenstein

Un texte signé André Quintaine

USA - 2004 - Marcus Nispe
Interprètes : Vincent Perez, Thomas Kretschmann, Ivana Milicevic, Adam Goldberg, Michael Madsen

Alors qu’il n’est qu’un simple étudiant en médecine, le jeune docteur Victor Frankenstein tente d’accomplir l’impossible : donner vie à un être humain. Il réussit cet exploit, mais la créature devient très vite incontrôlable.
Le roman de Mary Shelley a donné lieu à bon nombre d’adaptations plus ou moins réussies. Parmi les plus célèbres, nous comptons le FRANKENSTEIN de James Whale avec Boris Karloff, ou encore le FRANKENSTEIN S’EST ECHAPPÉ de Terence Fisher avec les incontournables Peter Cushing et Christopher Lee. Le long-métrage qui nous intéresse ici est un téléfilm en deux parties signé Glenn Jordan. Au départ, il s’agissait donc d’une production destinée à être diffusée dans le cadre d’une anthologie baptisée WIDE WORLD MYSTERY sur la chaîne américaine NBC.
Partant du principe que nous avons affaire à une œuvre conçue avec des moyens et un temps limités, nous ne sommes pas surpris de constater les lacunes : le manque d’emphase dans la mise en scène, l’absence de prise de vue en extérieur, un rythme languissant. Pour prendre un exemple, les précédentes versions nous avaient habitués à une cadence frénétique pour la scène de la naissance de la créature (alignant les gros plans sur les regards et les gestes méticuleux) afin de symboliser la lutte du savant contre le Créateur. Ici, il ne nous offert qu’un seul plan d’ensemble : la transmission de la tension incombe à la performance des acteurs et non à la mise en scène. On remarquera une autre petite touche de cette sobriété imposée par le format : l’éclair de la foudre se résume à une lumière (on devine le projecteur) intermittente derrière une fenêtre
En revanche, on accordera à Jordan le soin de parfaire l’interprétation : Robert Foxworth incarne un docteur Frankenstein torturé à souhait, Bo Svenson en créature est également remarquable. Puisque les pièces ne sont filmées que d’un seul côté, l’ambiance est plus proche du théâtre filmé que d’un réel long-métrage : la restriction des décors contraint le metteur en scène à un nombre limité d’angle de prise de vue. On remarque que la tendance à construire des tableaux trouve un écho dans de nombreuses scènes : dans celles-ci, les personnages tels que la créature ou le docteur se retrouvent eux-mêmes spectateurs des événements. La contrainte du format confère une dimension de mise en abyme au métrage. Ce procédé consiste à insérer une fiction à l’intérieur d’une fiction. Celle qui est insérée prend ainsi la forme d’une pièce de théâtre ou d’un rêve qui se déroule à l’intérieur du film. Dans sa définition cinématographique, cela implique des similitudes de thèmes pour corroborer la mise en perspective à l’intérieur du métrage : le tournage d’un film d’horreur raconté dans un film d’horreur (dans SCREAM 2, nous voyons les coulisses d’un faux-film STAB). Par sa part, la définition picturale met en évidence la reproduction de l’image dans une image : l’exemple le plus célèbre est la publicité de la « Vache qui rit » où les boucles d’oreilles du personnage représente l’image de la Vache avec ses mêmes bijoux. Dans FRANKENSTEIN, nous avons la créature qui devient un spectateur dans de nombreuses scènes où elle se cache et observe les habitants. Ces passages ont été maintes fois représentés à l’écran pour illustrer le préambule de sa rencontre avec l’humanité. Nous sommes alors forcés de reconnaître que l’aspect théâtral de la mise en scène dote ses instants d’une saveur particulière : à nos yeux, la scène du film devient une pièce de théâtre dont le spectateur est la créature.
Pour ses instants, le film de Glenn Jordan devient une petite curiosité. Mais il convient de rappeler le rythme languissant qui plombe l’ensemble du métrage : les plans d’ensemble ne sont pas toujours les plus pertinents. En outre, le métrage dure deux bonnes heures et celles-ci s’avèrent souvent pesantes. Dès lors, ce FRANKENSTEIN risque d’être de plonger dans l’ennui beaucoup de spectateurs contemporains.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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