entretiensLausanne Underground Festival 2011

Frédéric Grousset

Scènes de vie d’un kangourou mutant dans un univers post-apocalyptique, KANGOOTOMIK est un court métrage rafraîchissant. Poétiquement décalé et entraînant, il a été projeté au LUFF et vient d’être à nouveau sélectionné pour le Festival International du Film Fantastique de Paris, le bien nommé PIFFF. Rencontré à Lausanne, son sémillant réalisateur Frédéric Grousset n’est pas un inconnu puisqu’il a déjà mis en scène deux longs métrages, AQUARIUM (2003) et CLIMAX (2009). Il a accepté de répondre à nos questions, nous livrant quelques informations capitales quant à la genèse de son film.

Sueurs Froides : Peux-tu nous raconter l’histoire derrière la création de KANGOOTOMIK ?

Frédéric Grousset : Cyril Despontin m’a appelé en octobre 2010 parce qu’il voulait que je réalise le trailer de Hallucinations Collectives, le festival qui a remplacé l’Étrange Festival de Lyon. J’ai accepté sans savoir au départ quoi faire. Il m’a dit que je pouvais le faire sur un sujet libre. Mais il m’avait donné les thématiques du festival qui étaient le cinéma d’exploitation australien, les serial killers et les films après la bombe. J’ai dans un premier temps voulu en prendre une seule, et un matin ça m’a paru évident : j’ai vu un kangourou qui dansait avec une tronçonneuse devant un champignon atomique.

Sueurs Froides : Et finalement le trailer est devenu un court métrage.

Frédéric Grousset : Quitte à mettre un peu d’argent autant en faire un court plutôt que de ne faire qu’un trailer qui après ne servira que comme carte de visite. Je me suis dit on va faire un court de cinq minutes dans lesquelles on piochera de la matière pour faire le trailer. Il y a des plans qui sont dans le trailer et pas dans le court, et vice versa. J’ai commencé à penser à ce kangourou et j’ai débuté une narration. Si on avait fait que des plans où le kangourou faisait n’importe quoi ça aurait été moins intéressant. L’autre avantage d’avoir fait un court métrage, c’est qu’il peut concourir dans les festivals. Il a été bien sûr à Hallucinations Collectives, aujourd’hui au LUFF et on espère en faire d’autres.

Sueurs Froides : Et d’où venait le financement ?

Frédéric Grousset : J’ai tourné avec mes propres moyens, Hallucinations Collectives est encore un jeune festival. Ça ne nous a pas coûté des mille et des cents non plus, je crois que le budget était d’environ 700 euros. Ce qui a coûté le plus cher c’était le maquillage. On a tourné une journée complète et on a encore fait deux plans le lendemain, notamment le plan très large. Le tournage s’est déroulé à coté de Montpellier à Saint-Drézéry et Saint-Bauzille-de-Montmel où plusieurs hectares de cambrousse avaient brûlé, c’était l’endroit idéal car tout était dévasté.

Sueurs Froides : Le masque du Kangootomik est excellent.

Frédéric Grousset : Il a été réalisé par le grand David Scherrer. On s’était rencontré par hasard à Montpellier et on voulait bosser ensemble. J’avais pensé à lui pour CLIMAX mais ça ne s’est pas fait. KANGOOTOMIK nous a permis de nous retrouver. La morphologie du masque du kangourou, avec sa petite tête, était assez éloignée de celle de l’acteur qui par conséquence ne voyait rien. Le masque avait juste des petites entailles pour qu’il puisse respirer. Si on avait fait des trous plus grands, ça se serait vu à l’écran. Il fallait donc le guider, ce qui allait pour les plans larges, mais devenait plus difficile pour les plans serrés où il n’était souvent plus dans le champ.

Sueurs Froides : D’où vient la chanson qui défile en mode karaoké ?

Frédéric Grousset : La personne qui s’occupe de la musique a trouvé ce morceau, Waltzing Matilda qui est l’hymne non-officiel australien. On trouvait que ça collait bien avec les images alors on a réadapté les paroles. Le côté révolutionnaire de cette chanson allait bien avec ce personnage de kangourou mutant et on a décidé d’en faire un karaoké pour rendre le tout encore plus décalé.

Sueurs Froides : Merci Frédéric, et on espère voir bientôt un nouveau long métrage.

Frédéric Grousset : J’y travaille, j’y travaille…

Merci à Frédéric pour l’interview.
Merci à Luc pour ses photos.

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