Funky Forest: The First Contact

Un texte signé Michaël Guarné

Japon - 2005 - Katsuhito Ishii
Titres alternatifs : Naisu no Mori : The First Contact
Interprètes : Tadanobu Asano, Susumu Terajima, Chizuru Ikewaki, Hideaki Anno

Après TASTE OF TEA, œuvre bucolique plutôt grand public, Ishii décide pour son quatrième long métrage d’accoucher d’un projet surréaliste vraiment underground. Assez éprouvant pour le spectateur, pendant 2h30 NAISU NO MORI relate, à vrai dire, tout et n’importe. Composé d’une vingtaine de sketchs plus ou moins longs, ce film emprunte un peu à Miike et Tsukamoto, tant dans sa mise en scène bizarroïde et psychédélique que dans son contenu expérimental…
Le semblant de trame nous présente trois frères incarnés par Asano, Terajima ainsi qu’un enfant. Tous trois apparaissent puis réapparaissent dans un segment intitulé Guitar Brother, segment dans lequel le personnage d’Asano joue de la guitare pendant que son jeune frère (un Blanc à qui on a vraisemblablement appris phonétiquement quelques phrases en japonais pour l’occasion) se goinfre de sucreries…
Guitar Brother constitue en fait une des scènettes les moins étranges et les plus agréables du métrage. L’espèce de jingle la concluant à chaque fois est un exemple parmi tant d’autres du penchant volontairement publicitaire de la mise en scène adoptée par Ishii. Le réalisateur de PARTY 7 a d’ailleurs fait appel à des grands noms du monde de la pub nipponne tels que Shunichiro Miki ou Hajime Ishimine.
Le ton global tend vers la comédie, comme le montre la séquence où le personnage de Terajima perfectionne dans sa chambre ses chorégraphies de danse traditionnelle. Autre exemple caractéristique : le sketch où ce dernier, professeur (on ne sait pas à quel niveau vu que l’âge des élèves varie à vue d’œil entre 8 et 40 ans…), se prend à plusieurs reprises la brosse placée au-dessus de la porte entre ouverte.
Néanmoins, l’aspect comique laisse de temps en temps la place à des passages complètement barrés dans lesquels le rapport à la chair pourra évoquer les Cronenberg et Tsukamoto des débuts. On pense ici à la scène où un protagoniste sort un genre de petit alien d’une masse visqueuse… L’histoire, s’il y en a une, alterne en fait entre rêves et réalité. Les séquences oniriques se focalisent généralement sur la petite Hachiko (la jeune actrice Maya Banno de TASTE OF TEA) ; des moments de rêverie parfois mis en scène via une jolie animation colorée.
Au milieu de tout ceci, on notera quand même des passages vraiment longuets qui n’apportent rien au film. Citons à ce propos l’interminable et vaine discussion entre trois personnages féminins dans un hôtel ; discussion qui a cependant le mérite de se finir en combat de polochons, illustrant bien par là-même l’ambiance absurde du film d’Ishii.
NAISU NO MORI est donc unique en son genre. Il rebutera sûrement bon nombre de spectateurs mais mérite quand même le coup d’œil pour ses quelques passages de folie pure. Une expérience certes inégale, voire indigeste, mais dont on ne pourra certainement pas reprocher le manque de personnalité.


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- Article rédigé par : Michaël Guarné

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