Funny Man

Un texte signé Frédéric Vernichon

Royaume-Uni - 1994 - Simon Sprackling
Interprètes : Tim James, Benny Young, Matthew Devitt, Pauline Black…

FUNNY MAN c’est l’histoire d’un producteur de disques qui gagne le manoir d’un certain Callum Chance (Christopher Lee) au cours d’une partie de poker. Aussitôt gagné voilà qu’il emménage avec sa petite famille, composé d’une femme, d’une fille et d’un fils. Joueur invétéré l’homme trouve cette fois plus malin que lui… et plus cruel !
Sortie des entrailles de la demeure, un bouffon sacrément blagueur décide d’éliminer un an un les membres de la famille. Non rassasié, notre énergumène voit débarquer le frère du producteur (venu lui livrer sa guitare) et quelques individus que ce dernier a prit en auto-stop. Parmi la bande une étrange sorcière venue en découdre avec le bouffon assassin. Aussi heureux que nous ayant droit à du rab à la cantine, le bouffon leur jouera quelques uns de ses plus beaux tours, mettant sans cesse en exergue la célèbre expression « Avoir de la suite dans les idées »…
Le cinéma de genre a ce mérite estimable de pouvoir s’engager sur des voies originales. Si rares sont les films à réussir le parfait mariage entre la comédie et l’horreur, tant les exemples de réussites ne sont pas si nombreuses (LE LOUP-GAROU DE LONDRES demeure le plus fameux), chaque tentative a le mérite d’apporter une certaine fraîcheur.
FUNNY MAN tenta en 1994 de jouer sur ce terrain savonneux. Très brouillon, l’essai de Simon Sprackling est à ranger dans le rayon des kitcheries. Et qui dit kitcheries dit bien sûr film à défendre bec et ongles. Car oui, dans ce FUNNY MAN les différents protagonistes n’ont pas inventer la poudre (et fort heureusement), la mise en scène n’atteint pas des sommets de subtilités, les décors sont bricolés avec les quelques sous offerts par la production (ce qui démontre l’imagination de l’équipe qui en était responsable vu leur importance dans l’histoire), oui l’assassin sadique est un bouffon dont on en sait s’il faut en rire ou en avoir peur (peut-on l’inviter à dîner sans qu’il ne trucide l’assistance en nous racontant une blague?), oui, oui, et encore oui, mais n’est-ce pas là l’exemple parfait du noble nanar ? De ces nanars jeté à la poubelle et conspué par une certaine presse et qui pourtant démontre toute l’énergie d’une poignée de farfelus amoureux de cinéma, de fendus d’hémoglobines joyeuses, de passionnées overdosés de vidéos matés jusqu’à plus d’heures, dont l’unique prétention est de réalisé avec les moyens du bord un film sympathique et convivial.
Sans nulle autre prétention, FUNNY MAN est un petit divertissement aussi sympathique qu’il pourrait apparaître modeste. Même si les meurtres s’enchaînent, l’imagination avec lesquels ils sont mis en scène, avec ces décors le plus souvent improbables, tire le film vers la comédie, avec ce goût prononcé pour le macabre. L’atout majeur est ce personnage sorti d’un jeu de cartes. Déambulant dans les couloirs de ce manoir avec la bonhomie d’un oncle blagueur, ce Funny Man réussit à transcender le pal matériau de base, éclipsant le peu d’intérêt que représentent ses victimes et l’aspect un brin trop mécanique du scénario. Un bon point tout de même à l’obsédé de service : le plus crétin de tous.
Le grand mystère demeure le fait que Simon Sprackling en soit resté là. On connaît nombre de réalisateurs ayant fait carrière avec moins de générosités envers le cinéma et de respect envers ses spectateurs. Certains reçoivent même des prix.


- Article rédigé par : Frédéric Vernichon
- Ses films préférés :

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