Gamera contre Guiron

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Cinquième opus de la saga consacrée à la tortue géante venue de l’espace, GAMERA Vs GUIRON poursuit inexorablement l’infantilisation galopante entamée dès le second volet, GAMERA Vs BARUGON. L’intrigue, ramassée sur 80 petites minutes qui risquent cependant de paraitre bien longuette, débute par l’enlèvement de deux gamins imprudents, Akio et Tom, partis en ballade dans un vaisseau spatial. Ils aboutissent sur une planète lointaine où vivent deux charmantes donzelles extraterrestres mais celles-ci, telles des sorcières de conte de fée, nourrissent de sombres desseins à l’encontre des mioches. Heureusement, tel Zorro, Gamera vole à leur secours et combat le monstre Guiron qui les menace.

Toujours réalisé par un Noriaki Yuasa parfaitement à l’aise dans le divertissement familial, pour ne pas dire enfantin (lequel lui apportait cependant bien plus de satisfaction que le Kaiju Eiga sérieux), ce nouveau chapitre ne déroge pas aux poncifs de la franchise : gamins insupportables, niaiserie généralisée, humour pachydermique, intermèdes chantés du pire effet, sentences définitives (« si Gamera est là pour nous protéger, rien ne peut nous arriver »), maquettes approximatives et effets spéciaux ridicules.

Excessivement kitsch, coloré et désuet, GAMERA Vs GUIRON fleure bon le spectacle régressif à destination de ceux qui, jadis, se délectaient des aventures de X-Or diffusées le mercredi après-midi. Ces derniers, indulgents (ou aveuglés par la nostalgie), pourront par conséquent trouver un semblant d’intérêt à ce long-métrage poussif dans lequel les passages infantilisants et les dialogues consternants sont malheureusement plus nombreux que les destructions massives et les combats de monstres. L’affrontement colossal entre la tortue volante et son adversaire équipé d’un immense appendice en forme de couteau (Guillermo del Toro s’en souviendra pour le monstrueux Knifehead de son démentiel PACIFIC RIM) vaut cependant son pesant de popcorn et d’éclats de rire, le gentil monstre caoutchouteux Gamera effectuant même quelques exercices de barres parallèles surréalistes pour défaire l’horrible Guiron. Même Godzilla n’avait jamais été si loin dans le crétinisme assumé.

Bien évidemment, les inconditionnels du Kaiju pourront y trouver leur compte, insistant sur le charme des deux aliens féminines, le message pacifique et réconciliateur prôné par le cinéaste (lequel passe par l’amitié d’un petit Japonais et d’un enfant américain), les quelques bastons entre monstres géants et l’aspect totalement désuet et, quelque part, délectable d’une telle entreprise.

Cependant, pour la majorité des spectateurs, ce film plus proche de « l’île aux enfants » que de GODZILLA risque de constituer un supplice à peine tempéré par le côté outrancier et incroyablement bis de l’ensemble. Après avoir vu la dernière sublime mouture de GODZILLA par Gareth Edwards ou le précité PACIFIC RIM absolument dantesque, difficile d’encore se délecter de semblables productions.

A chacun de choisir son camp !


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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