Gamera contre Viras – Les monstres attaquent

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Japon - 1968 - Noriaki Yuasa
Titres alternatifs : Gamera Vs Viras
Interprètes : Tôru Takatsuka, Carl Craig, Kôjirô Hongô

Quatrième épisode des aventures de la torture géante Gamera, grande concurrente de Godzilla, ce métrage témoigne de l’infantilisation galopante de la saga et du je-m’en-foutisme sidérant des producteurs qui recyclent près de 20 minutes d’images provenant des trois premiers films pour atteindre la durée réglementaire. Dès l’entame, l’autrefois effrayante créature est présentée comme la protectrice de la Terre capable de contrer n’importe quelle invasion extra-terrestre. Elle le prouve d’ailleurs en exterminant un vaisseau d’envahisseurs avant que ne retentisse une chanson aux paroles naïvement risibles (« tu es fort Gamera, monstres de l’espace prenez garde »). Noriaki Yuasa, maitre d’œuvre de la série, prend une nouvelle fois place dans le fauteuil de metteur en scène mais ne parvient toujours pas à élever le produit, lequel apparait comme un piètre ersatz des Godzilla les plus juvéniles.
Vaincus par Gamera lors d’une première tentative de conquête de notre planète, de méchants Aliens cherchent la seule faiblesse de la tortue géniale. Pendant ce temps, deux insupportables boy-scouts, Masao et Jim, s’amusent au volant (?!) d’un mini submersible. Ils croisent Gamera et Jim s’inquiète de la taille cyclopéenne de la bête mais Masao le rassure : « Gamera aime les enfants ». Toutefois, la première idée des envahisseurs est de découvrir ses faiblesses.

L’entreprise, accomplie via des flashbacks des trois premiers longs-métrages, occupe une quinzaine de minutes et nous rappelle les précédents affrontements entre Gamera et des adversaires comme Barugon ou Gaos. Par la suite, les extraterrestres décident d’exploiter la seule faiblesse de la tortue, à savoir sa compassion vis-à-vis des ch’tis n’enfants. Ils capturent les deux scouts et forcent Gamera à anéantir l’humanité. Heureusement, les gamins parviennent à s’échapper. A court de ressources, les Aliens envoient un nouveau monstre indescriptible proche du calamar combattre la tortue volante.

En dépit d’une durée restreinte à seulement 81 minutes, GAMERA CONTRE VIRAS parait bien longuet et languissant. Les scènes se déroulant à bord du vaisseau extraterrestre paraissent, en effet, interminables et incluent, notamment, les efforts des deux boy-scouts pour obtenir un couteau de la part d’un ordinateur dispensateur de nourriture. Tout cela se traine et manque de rythme ou d’humour quoique le design rétro-futuriste du vaisseau possède un certain charme pour les plus conciliants.
Les quinze bonnes (façon de parler) minutes de flashbacks rendent, elles-aussi, le film indigeste mais, heureusement, la dernière demi-heure rehausse légèrement le niveau et implique des scènes raisonnablement efficaces de destructions massives élaborées avec des effets spéciaux au charme suranné. Cependant, pour économiser encore davantage sur un budget sans doute miséreux, les passages au cours desquels la tortue, manipulée par les Aliens, s’en prend à Tokyo sont, une fois de plus, des images d’archives du premier GAMERA. La désinvolture absolue de l’entreprise transparait dès lors puisque ces séquences en noir et blanc sont intercalées sans remords ni explications à une production en couleur !

Handicapé par la présence pénible de deux héros boy-scouts, l’intrigue peine à passionner et GAMERA CONTRE VIRAS ne fonctionne guère, d’autant que les flashbacks, issus des épisodes antérieurs de la saga, rendent l’ensemble antipathique. Seuls les inconditionnels indulgents de Kaiju Eiga trouveront leur bonheur à la vision de cette curiosité bien peu inspirée.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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