Ghost Machine

Un texte signé Yannik Vanesse

Angleterre - 2010 - Chris Hartwill
Interprètes : Sean Faris, Rachael Taylor, Luke Ford

Un petit groupe de génies en informatique, fans de jeux vidéos, embarque illégalement le programme de simulation de combat qu’ils ont créé pour l’armée. Ils l’emmènent dans une prison désaffectée, pour s’amuser avec. En effet, le programme, ultra-sophistiqué, permet de recréer le décor choisi. De surcroît, grâce à des casques directement connectés au cerveau, il est possible de retrouver des sensations de jeu terriblement proches de la réalité. Hélas, l’endroit est hanté, et un fantôme profite de la situation pour pénétrer dans la réalité virtuelle et y attaquer les joueurs.

Chris Hartwill est le réalisateur de ce GHOST MACHINE. S’il s’agit de son premier long métrage, il a eu l’occasion de s’adonner à la réalisation à quelques reprises, entre-autres pour la série télé « Numb3r ». Sean Faris, un des créateur du système informatique dont parle le film, a une assez grosse carrière de télévision derrière lui. Il est assez crédible en geek fan de jeux vidéo et informaticien de génie, tout comme son ami, incarné par Luke Ford, qu’il est possible de voir entre-autres dans ANIMAL KINGDOM. Ce n’est hélas pas le cas de Rachael Taylor. Si l’actrice de « Grey’s Anatomy » apporte une indéniable touche sexy des plus agréables, il est totalement impossible de croire en son personnage de militaire d’élite.

Mélanger fantômes et technologie n’est pas une nouveauté. L’exemple le plus connu en est évidemment RING. Que ce soit dans le livre de Suzuki Koji, ou dans le film de Nakata Hideo, le spectre de Sadako parvient à insuffler sa haine dans une cassette vidéo qui en devient le mortel vecteur. En agissant ainsi, leurs auteurs voulaient remettre au goût du jour la tradition de la malédiction d’outre-tombe asiatique. Avec GHOST MACHINE, son scénariste reprend le thème très familier de la maison hantée, mais y injecte une nouveauté, avec cette histoire de réalité virtuelle. En faisant entrer le fantôme dans le jeu, les créateurs de cette histoire ont une idée assez originale et plutôt bonne. Ainsi, le vengeur d’outre-tombe ne peut plus agir sur les vivants tant qu’ils ne sont pas connectés à la machine mais, à l’intérieur du jeu, elle peut aller jusqu’à modeler la topographie des lieux comme elle le désire.
Cependant, si l’idée est plutôt bonne, le traitement l’est beaucoup moins. Pourtant, le métrage ne démarre pas mal, avec un début plutôt intriguant, qui montre une femme, trainée dans de sombres couloirs. Le spectateur voit une grande partie de la séquence par ses yeux et, comme elle porte une cagoule aux mailles lâches sur les yeux, l’image est volontairement sombre, granuleuse. L’effet aurait pu être mieux réussi, mais la scène se veut originale. De même, les premières apparitions spectrales sont un peu étranges, des volutes sombres s’étendant sur les capteurs. Cela ne dure cependant pas, car rapidement tout mystère est supprimé. Le spectre est montré dans son intégralité, son identité et ses motifs rapidement révélés, bref, tout mystère disparaît. Un autre problème réside dans les scènes d’actions. Car, si le film est un métrage fantastique, il se passe dans un simulateur de guerre, et montre donc quelques séquences de fusillades virtuelles. La caméra se met alors à remuer dans tous les sens, avec un découpage frénétique. Si le réalisateur veut insuffler du dynamisme, il ne parvient hélas qu’à créer une impression de fouillis et d’illisibilité, ce qui est bien dommage.
Si le métrage est doté d’incohérences (l’héroïne, qui découvre que son copain, au lieu d’être avec elle, va jouer les geeks dans une prison désaffectée, s’y infiltre d’une manière des plus périlleuses, sans même parler du moment où elle coupe une chaîne avec un simple couteau) et de dialogues assez peu passionnants, le réalisateur ne lésine par contre pas sur les effets sanglants. Certes, GHOST MACHINE n’est pas un torture porn, mais le fantôme se bat avec des chaînes, et n’hésite pas à transpercer les corps de ses victimes, ce qui provoque quelques jolies giclées de sang. Doté de quelques longueurs et traditionnelles scènes de couloirs, le métrage n’est par contre jamais effrayant. Il montre trop, explique trop, et ses personnages acceptent trop facilement la solution du fantastique. De même, si le twist final est on ne peut plus prévisible, il est plutôt sympathique, mais il aboutit sur une fin assez ridicule.
Au final, GHOST MACHINE, s’il part d’un postulat intéressant, ne parvient pas vraiment à passionner le spectateur, ce qui est bien dommage.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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