Glamour

Un texte signé Éric Peretti

USA - 2008 - Ed Fox
Interprètes : Jelena Jensen, Katie Jordon, Allanah Rhodes, Isabella, Valentina Vaughn, Kira Eggers, Penny Flame, Amanda, Sunshine, Cassia Riley, Pixie, Heather Gates, Violet Blue, Dita Von Teese, Stacia, Nikky Hilton, Ashley Renee, Justine Joli, Sarah Blake, Roxy Deville, Natali Demore, Alexandra Nice, Kitty, Misty

Photographe talentueux dont les nus viennent réchauffer les pages glacées des magasines de charme, Ed Fox est à l’honneur en 2008 avec la publication de Glamour from the Ground Up, volumineux ouvrage regroupant ses plus beaux clichés à tendance fétichiste. En digne héritier de ses glorieux aînés Irving Klaw et Helmut Newton, Ed Fox est un esthète de l’image et ses portraits de femmes oscillent entre un érotisme poussé et une douce pornographie. Clairement fasciné par les pieds de ses modèles, son travail renvoie à celui d’Elmer Batters, autre grand amoureux des jambes féminines, dont Fox fait aujourd’hui figure de successeur. Afin d’accompagner la sortie de son livre, l’artiste a réalisé un moyen métrage tout simplement titré GLAMOUR.
D’autres photographes de charme ont, avant lui, franchi le cap de la réalisation avec plus ou moins de bonheur. Si les films de David Hamilton sont des fictions naïves qui profitent de l’esthétique vaporeuse qu’il a développée, ceux d’Andrew Blake ne s’embarrassent guère d’un scénario et vont droit au but : imprimer sur pellicule les fantasmes de leur auteur en enchaînant un maximum de scènes coquines, reliées entre elles par un fil conducteur encore plus ténu que celui de la ficelle du string que ne portent guère longtemps ses actrices. GLAMOUR se range au sein de cette deuxième catégorie, pour le plaisir des yeux et des sens, mais pas forcément pour celui des cinéphiles.
Annonçons la couleur d’entrée, ceux qui espèrent trouver un semblant de récit dans cette succession de vignettes en seront pour leurs frais, Ed Fox ne veut pas raconter une histoire dans le sens traditionnel du terme mais juste pousser plus en avant l’érotisme figé de ses clichés. GLAMOUR n’est finalement qu’une suite de séquences érotico-pornographiques durant lesquelles d’impudiques modèles s’exhibent totalement avant de se caresser avec plus ou moins de frénésie.
Hélas, cette démarche artistique risque bien de trouver moins d’amateurs que l’ouvrage qu’elle accompagne et ne va s’adresser qu’à un public très restreint. Une photo capture un instant de grâce pour la postérité et renferme à tout jamais une part de mystère, laissant à chacun la possibilité de fantasmer à sa guise en réinventant un contexte pour le cliché. La succession de plusieurs images, c’est à dire un film, vient briser le charme en imposant un contexte, et renvoie le délicieux modèle à un statut de vulgaire exhibitionniste. Alors qu’un album de photographies se laisse feuilleter, la vidéo impose un rythme dont la longueur des séquences finit par devenir quelque peu lassante. Certes les modèles sont superbes et l’image très travaillée, mais l’intérêt de la totalité de la bande reste plus que limité. N’étant ni un documentaire, ni un film ouvertement pornographique, GLAMOUR est l’essai d’un artiste qui tente de prolonger son travail par l’intermédiaire d’un nouveau médium.
Quant au titre, s’il traduit une certaine idée séduisante de l’érotisme, il n’est totalement approprié aux images offertes. Tant que les modèles se contentent de poser lascivement et d’exposer leur intimité ont peut encore y croire. De même, les insertions d’olisbos, et les plages de plaisir solitaire en découlant, peuvent encore passer, mais deux séquences viennent briser l’effet « romantique » de la vidéo. La première, se déroulant dans un parc, nous montre une jeune fille qui profite du sommeil de son petit ami pour aller masturber, avec ses pieds, un autre homme. Lorsque ce dernier finit par éjaculer sur les actifs petons de la mignonne délurée, le couple illicite est surpris par le petit copain qui se voit entendre dire par la belle infidèle « ce n’est pas ce que tu crois ». Une séquence de domination vers la fin du métrage vient définitivement enterrer le côté glamour de la chose avec son soumis dégarni et bedonnant qui se complet dans le sperme et l’urine.
Reste à savoir à quel public s’adresse GLAMOUR puisqu’il ne répond pas aux attentes du cinéphile. C’est vers l’Internet et les sites privés qu’il faut se tourner pour comprendre quel est son intérêt à exister. De nombreux artistes ont ouvert sur la toile des espaces privés dont l’accès est payant. Ceux qui s’acquittent de cette facture deviennent membres et sont alors en droit d’attendre une certaine prestation dont la qualité sera bien évidemment à la mesure du maître des lieux. Ainsi, de nombreuses vidéo spécialisées fleurissent régulièrement pour alimenter un marché toujours grandissant. GLAMOUR est le type même de produit correspondant à cette description. Ne perdant pas de temps en palabres inutiles, il offrent aux abonnés ce qu’ils sont venus chercher de la part d’Ed Fox : de jolies images de filles impudiques, de la pornographie qui tente d’être chic, et des plans insistants sur les pieds. Bref, de quoi faire le bonheur des podophiles les plus exigeants.


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- Article rédigé par : Éric Peretti

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