Goemon, The Freedom Fighter

Un texte signé Alexandre Thevenot

Japon - 2009 - Kazuaki Kiriya
Interprètes : Yôsuke Eguchi, Takao Ôsawa, Ryoko Hirosue...

Dans le Japon de l’époque Sengoku (16ème siècle), époque durant laquelle les crises politiques, les guerres et les conflits sociaux sont incessants, Goemon est traqué par les hommes du royaume pour ses méfaits. Ce brigand est soutenu par le peuple parce qu’il se bat pour la liberté et véhicule l’idée d’un espoir face à la corruption et la pauvreté. Au cours d’une nuit où il s’infiltre dans un bâtiment de la haute société, il s’empare d’un objet particulier qui l’entraîne dans une immense aventure. Délaissant son rôle de protecteur du peuple, il doit désormais prendre les armes pour empêcher le déroulement d’un complot qui vise à s’emparer du pouvoir.
GOEMON THE FREEDOM FIGHTER est la mise en image d’une légende de la tradition japonaise. Goemon Ishikawa était un personnage populaire du 16ème siècle. Il était avant tout un simple bandit mais on lui attribua très vite la responsabilité de quelques faits à l’encontre du pouvoir, notamment une tentative d’assassinat qui échoua et après laquelle il mit publiquement fin à ses jours.
Au début du métrage, Goemon apparaît comme un Robin des bois oriental puisque, de la même manière, il vole les riches pour donner aux pauvres et est le premier à secourir la veuve et l’orphelin. Seulement l’ambiance change dans GOEMON et le monde n’est pas le même. A la charmante contrée de Nottingham se superposent ici des décors aux proportions gigantesques qui peuvent paraître un peu décalés pour une telle époque. D’une manière similaire, le héros perd un peu de son humanité au profit de multiples talents qui surpassent tout : la vitesse du personnage, son élasticité, son habileté au maniement des armes, son intelligence… En ce sens, comme dans un jeu vidéo, ce n’est pas tant l’apparence du personnage et son esprit qui comptent, mais plutôt ses aptitudes pour pouvoir facilement surmonter les obstacles auxquels il sera confronté.
GOEMON est un film adressé avant tout à une nouvelle génération de cinéphiles dont les références se situent dans la culture vidéoludique. Ces derniers y trouveront leur compte puisqu’on a affaire à une omniprésence du numérique. Les effets visuels sont inspirés de 300 et les mouvements de caméra sont choisis de façon à mieux faire entrer le spectateur dans l’action. Effectivement, il y a parfois un sentiment d’immersion dans l’univers décrit. Mais ce qui devait être une volonté du réalisateur est molestée par le manque de budget qui sied mal à l’intention d’offrir une grande fresque épique. Il en ressort ainsi des moments malheureusement peu convaincants où les assemblages de couleurs et la multiplicité des effets spéciaux empêchent le spectateur d’adhérer à ce qui est montré.
La trame narrative reste en elle-même prévisible puisqu’elle réutilise tous les stéréotypes du genre : le thème du maître et du compagnon bon à rien, un traître qui veut prendre le pouvoir, une histoire d’amour impossible si la situation ne se dénoue pas, etc. En ce sens également GOEMON déçoit un peu. On aurait pu attendre quelque chose de plus original, en particulier sur une durée aussi longue.
GOEMON est au final une œuvre frustrante dans le sens où le spectateur ne ressentira que peu de plaisir. Le résultat ressemble plus à une ébauche graphique, ou même à un essai, qu’à un résultat artistique accompli.
Le réalisateur Kazuaki Kiriya a inclus dans GOEMON tous les éléments propres aux films médiévaux. Puis, il s’est amusé à moderniser la mise en scène pour en faire une œuvre portée avant tout sur l’action. L’esthétique est également très inspiré des cinématiques de jeu vidéo desquelles le héros semble ainsi tout droit sorti. GOEMON fait se rencontrer l’époque médiévale et l’ère numérique avec une certaine force et par moment avec panache. Néanmoins, à vouloir mélanger les intrigues principales et secondaires, dresser le portrait de multiples personnages, le film dont l’intérêt principal devrait être l’efficacité se perd dans des longueurs qui le desservent. Comme son point fort n’est pas l’originalité du scénario, c’est très vite l’ennui qui s’installe, malheureusement.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Alexandre Thevenot

- Ses films préférés :


=> Pour prolonger votre lecture, nous vous proposons ce lien.
Share via
Copy link