Gong Tau
Lors d’une tentative d’arrestation, un policier blesse un malfrat à la tête et le rend désormais insensible à la douleur. Quelques années plus tard, à la libération de ce dernier, le policier réalise que les collègues qui l’ont aidé dans cette affaire sont éliminés les uns après les autres et après passage par la case torture. La vengeance du malfaiteur se porte ensuite sur la famille de notre officier. En rentrant à la maison, il retrouve son bébé horriblement mutilé et sa femme prostrée au sol, tordue sous la douleur d’aiguilles qui lui ont été enfoncées dans le dos… Le problème, c’est qu’il n’y a en réalité aucune aiguille. Ni d’ailleurs aucune trace d’effraction. Personne ne semble en outre s’être introduit dans la chambre du bébé. Faut-il y voir une puissante magie noire ?
Herman Yau revient à la catégorie 3 pour notre plus grand plaisir. L’ineffable auteur d’EBOLA SYNDROME – pour n’en citer qu’un – creuse à nouveau les travées d’un cinéma gore et décomplexé. Le temps semble ne pas avoir de prise sur sa réalisation. Si la technique est sensiblement plus affirmée que par le passé, tout le reste semble sortir en droite ligne d’un métrage branque des années ’90, y compris donc les défauts du genre. Au premier rang de ceux-ci, on déplore bien entendu le manque de caractérisation des personnages qui sont esquissés sommairement et dont les relations ne sont pas autant approfondies qu’elles le devraient. Cela nous empêche d’éprouver l’empathie requise lorsque les protagonistes souffrent physiquement ou moralement.
Tournons-nous alors vers le gore pur pour voir si sa qualité cinégénique peut compenser par ses qualités spectaculaires notre manque d’intérêt pour les personnages. Les années 2000 ont imposé les effets numériques qui, dans le cas de petites productions comme celle qui nous occupe ici, restent assez souvent trop visibles. Rien d’insurmontable cependant et Herman Yau se rattrape sur la quantité. En outre, il conserve des effets à l’ancienne, réalisés devant caméra donc, et nettement plus organiques.
On triture ainsi de la barbaque, on extrait de la graisse humaine qu’on mélange à des insectes vivants… Outre cette tendance, déjà assez ancienne dans le cinéma d’horreur, à vouloir provoquer autant le dégoût que l’horreur, Herman Yau se veut iconoclaste en avilissant ce que beaucoup considèrent comme sacré : l’enfant. Il n’hésite pas un seul instant à faire exploser un nourrisson que la malédiction du Gong Tau a préalablement rempli d’asticots.
A ce titre, la programmation du 26e Festival du Film fantastique de Bruxelles permet de constater que l’horreur contemporaine, pour mieux nous émouvoir et nous effrayer, ose s’attaquer, parfois de façon très graphique, aux enfants : fœtus presque à terme malmené dans A L’INTÉRIEUR, bébé explosé dans GONG TAU, bambins déchiquetés par une fusillade dans POSTAL, enfant torturé devant ses parents dans FUNNY GAMES, transformés en monstres dans BUKAREST FLEISH, FRONTIÈRES ou THE VANISHED, et tout ça quand ils ne sont pas mauvais dès le départ, comme dans JOSHUA. Oui, les temps sont durs pour les têtes blondes. Futurs parents, évitez certains films d’horreurs contemporains.