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Gory Gory Hallelujah

Cette production indépendante vise manifestement le statut du « cult-movie » et réactive la notion de « cinéma concept », celle qui base un scénario entier sur une idée de départ profondément déjantée. Cette tradition a donné quelques parodies réjouissantes, comme ATTACK OF THE KILLER TOMATOES ou, plus récemment, des métrages décalés style DEAD AND BREAKFAST, JESUS CHRIST VAMPIRE HUNTER ou le plus connu BUBBHA HO TEP.
Conçu par Sue Corcoran et Angie Louise, cette farce burlesque donne tout d’abord – disons durant une vingtaine de minutes – dans un comique assez réjouissant qui n’est pas sans rappeller les Monty Python et leur VIE DE BRIAN. Malheureusement, les idées tournent un peu court et le métrage s’embourbe dans une seconde partie beaucoup moins intéressante.
L’intrigue débute par la rencontre de quatre losers partis auditionner pour le rôle de Jésus. Ce petit groupe disparate comprend un hippie bisexuel à la recherche de l’amour, un révolutionnaire noir style Black Panther, une désespérée également bisexuelle et un Juif typique et caricatural. Après avoir échoué à l’audition de “La plus grande pièce jamais jouée”, notre quatuor part sur les routes en vue de décrocher le rôle titre dans la prochaine version de “Jésus Christ Superstar”. Ils tombent d’abord sur une bande d’imitateurs d’Elvis, avant d’échouer dans ce qui est probablement la ville la plus bigote des Etats-Unis…
Une partie vaguement amusante, mais également un peu longuette et parfois bien lourde. Dans sa dernière demi-heure, le métrage vire finalement au gore rigolo, une poignée de zombies vindicatifs venant punir les grenouilles de bénitiers dans de belles éclaboussures écarlates.
Entre ROCKY HORROR PICTURE SHOW, LE RETOUR DES MORTS VIVANTS, 2000 MANIACS, LE MAGICIEN D’OZ, DOGMA et la comédie musicale (avec des chorégraphies complètement loufoques mais assez sympathiques), GORY GORY HALLELUJAH cherche (et trouve parfois) sa voie. Il assure un spectacle bourré de défauts, mais finalement tellement “autre” que l’on ne s’ennuie jamais vraiment. Pourtant, il faut avouer que le concept trouve rapidement ses limites et patine pas mal durant le second tiers du film, où les gags ne fonctionnent pas aussi bien qu’ils le devraient. On a également souvent l’impression d’assister à un court-métrage tourné entre copains et ensuite exagérément étiré sur une bonne heure et demie.
Heureusement, les interprètes sont doués et les personnages outrageusement typés permettent de voir l’ensemble avec le sourire. D’autant que transpire ici un véritable amour du cinéma déconnant mais réalisé avec un authentique investissement personnel. Les costumes, par exemples, sont impeccables dans un style très excessif et les chansons pleines de punch sont dotées de refrains mémorables. En particulier le morceau titre qui permet une chorégraphie gratinée.
Avec son humour trash, sa nudité naturelle et ses délires sanglants, GORY GORY HALLELUJAH s’apparente bien sûr à une production Troma. Et c’est probablement aux fans de ce mythique studio que Sue Corcoran et Angie Louise clignent de l’œil. Dommage que l’aspect gore promis par le titre soit cantonné au dernier quart d’heure et qu’il ne soit pas davantage développé. Mais les intentions y sont!
GORY GORY HALLELUJAH est donc une incursion bourrée de défauts dans le petit monde du cinéma indépendant, à l’exact opposé du « mainstream »: ici, tout est outrageux, délirant, hors norme et politiquement incorrect. La satire est évidemment souvent facile et les cibles choisies très classiques (chrétiens fanatiques, homophobes et autres). Mais l’ambiance particulière compense en partie les nombreuses faiblesses d’un titre sinon fort honorable et distrayant.
Cela ne plaira pas à tout le monde, c’est certain, mais GORY GORY HALLELUJAH devrait cependant trouver son public.

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