Gutterballs

Un texte signé Jérôme Pottier

USA - 2008 - Ryan Nicholson
Interprètes : Candice Lewald, Alastair Gamble, Mihola Terzic, Nathan Witte, Wade Gibb, Jeremy Beland, Trevor Gemma, Nathan Dashwood

Depuis 1993, Ryan Nicholson poursuit une belle carrière de maquilleur en jonglant entre petite production (HEMOGLOBINE de Peter Svatek-1997) et blockbuster (GHOST RIDER de Mark Steven Johnson-2007). Après quelques vidéoclips pour des groupes de métal gore tel NECROPHAGIA, il monte sa petite entreprise et finance son premier long métrage en 2006, LIVEFEED. Au programme de l’horreur craspec’ tournée pour trois dollars et six sous avec des acteurs inconnus, une bonne recette qui rapporte beaucoup pour peu d’investissement. En 2008, Ryan Nicholson décide de renouveler l’expérience avec GUTTERBALLS…

Deux bandes d’adolescents étasuniens complètement stupides passent toutes leurs soirées dans un club de bowling à se savater allègrement, le tout sous les yeux effarés de leurs pin-up de petites copines. Toutefois, un soir, ça tourne mal !!! C‘est là que la pauvre Lisa est sauvagement violée par l’une des deux bandes. Le lendemain les deux bandes s’affrontent une nouvelle fois autour d’une partie de bowling mémorable, c’est alors qu’un nouveau joueur entre en jeu : BBK…

Ryan Nicholson est un grand fan du cinéma d’horreur des années 70 et 80, c’est donc tout naturellement qu’il tente, ici, de lui rendre hommage. Tout d’abord, il livre un film assez proche, dans sa structure (présence d’ados, utilisation d’un lieu insolite, scènes de sexe voyeuriste, construction en forme de jeu de piste), de MASSACRES DANS LE TRAIN FANTOME (1981) de Tobe Hooper.
Autres références avouées du metteur en scène : John Carpenter et Dario Argento, il leur rend hommage, en premier lieu, grâce à la bande-son de l’inconnu Gianni Rossi. Cette B.O. est un savant mélange de musique synthétique et de rock progressif façon Goblins, le tout matiné d’une touche de disco, l’une des nombreuses touches de mauvais goût dont fait, hélas, preuve cette pelloche. Le tueur au look improbable (un sac de bowling sur la tête), une des bonnes trouvailles de GUTTERBALLS, est un hommage évident aux classiques du slasher avec tueur masqué à la HALLOWEEN (1978). Quant aux meurtres, ils font preuve d’un sadisme digne du maître transalpin, leur côté outrancier les rapprochent malheureusement plus de LA TERZA MADRE (2007) que de PROFONDO ROSSO (1975).
Mais la référence ultime de Ryan Nicholson est le chef d’œuvre du « rape and revenge » signé Meir Zarchi, I SPIT ON YOUR GRAVE (1978). Malheureusement la scène de viol tombe plutôt à plat tant le jeu de l’actrice est inexistant, de plus le réalisateur choisit de parsemer le film de scènes de sexe explicites inutiles. Ce qui atténue la portée déstabilisante de la scène de viol, puisqu’elle n’est qu’un des nombreux moments érotico-sadiques du métrage.
Tout cela concoure à donner à ce film un aspect « too much » particulièrement lourdingue lorsqu’il s’agit de supporter l’interprétation d’acteurs hystériques non dirigés dont le vocabulaire se limite à « fuck » ; mais aussi particulièrement réjouissant lorsqu’il s’agit de se répandre dans le gore.

Car si GUTTERBALLS jouit d’une réputation flatteuse, c’est sans conteste grâce à ses scènes sanglantes complètement hallucinantes. Le réalisateur ne se donne aucune limite et verse même dans l’humour le plus scabreux et paillard (cf. la scène de 69). Il conclut par un final grand guignolesque en diable, âme sensible s’abstenir !
Autre particularité de GUTTERBALLS, son attachement à s’inscrire dans une certaine histoire populaire des USA. La présence du bowling, les références nombreuses aux films d’horreur des 80’s, l’utilisation de musique disco sont autant de preuves de cette volonté. Un dessein confirmé par le nom donné au tueur, BBK, qui évoque le célèbre tueur en série BTK.
BTK, alias Dennis Rader, est un serial killer particulièrement sadique qui terrorisa l’état du Kansas de 1974 à 2005 (année de son arrestation sur dénonciation de sa fille qui venait de lire son journal intime). BTK est le surnom qu’il s’est lui-même donné (bind, torture, kill A.K.A. attraper, torturer, tuer).
GUTTERBALLS est donc un film bancal, une semi-déception malgré quelques qualités en particulier dans ses scènes de violence graphique. Malgré tout, ce métrage indépendant surestimé mérite une vision tant le réalisateur, même s’il est maladroit, atteint des sommets en matière de mauvais goût.


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- Article rédigé par : Jérôme Pottier

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