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H

Les flics arrivent sur le lieu d’un crime : une décharge publique. Sous la pluie, parmi les déchets gît le cadavre d’une femme. Plus loin, l’horreur atteint son comble lorsqu’un policier trébuche sur un fœtus. L’autopsie indique que le meurtrier a procédé à un accouchement forcé. Quelques heures plus tard, dans un bus, une autre femme est retrouvée morte. Elle aussi attendait un enfant. Le plus étrange est que ces crimes commis sur des femmes enceintes rappellent une enquête dont le responsable est déjà sous les verrous. Il attend d’ailleurs son exécution.

H commence très fort, d’autant plus que le réalisateur n’hésite pas à nous montrer la mère de la décharge et son bébé dans un état avancé de décomposition. Il y a un plan assez fort lors de l’autopsie où l’on voit, à la morgue, la mère et son enfant, allongés presque côte à côté, chacun sur une table.
H n’atteindra pourtant plus jamais ce niveau d’intensité dramatique. Faute en revient à une mise en scène terriblement plate et qui rend le film très ennuyeux. Il ne se passe pas grand-chose tout au long du film. Pire encore, aucune des révélations de H, qui sont autant de bonnes idées, ne sont correctement exploitées. Car H possède en effet de très bonnes idées qui auraient pu en faire un excellent sous-produit du SEVEN de David Fincher. Malheureusement, le film préfère nous asséner continuellement d’incessants bavardages entre les flics. Même les interrogatoires menés par les policiers du tueur en série emprisonné ne présentent aucun intérêt. Jo Seung-woo (THE CLASSIC) n’est en effet jamais convaincant dans son rôle de sadique et les flics face à lui ont des réactions disproportionnées devant ses provocations.
De temps en temps, comme si le réalisateur jugeait qu’il était enfin bon de faire avancer l’intrigue, une révélation tombe comme un cheveu sur la soupe. Là où l’on peut être légitimement déçu, c’est lorsqu’on se rend compte que ces révélations sont autant de bonnes idées. Mais elles ne sont jamais approfondies. Le film retourne alors à ses bavardages et l’ennui revient.

Les idées intéressantes qui tombent de-ci de-là dans le film ne sont pas les seuls indicateurs qui permettent de dire que H aurait pu être un bon film. H possède en effet de très nombreux non-dits. Lee Jong-hyuk ne nous apporte pas tout sur un plateau. Les motivations de la plupart des protagonistes ne sont jamais clairement explicitées. Il faut les chercher soi-même, faire des regroupements. C’est le côté le plus intéressant de H. Pourtant, le film est tellement confus qu’on perd vite l’envie de jouer à ce jeu-là. D’autant plus que cette analyse des personnages ne peut se faire qu’à la fin du film, quand on s’est rendu compte qu’on n’aurait peut-être pas dû lui accorder autant de temps.
En fait, et c’est peut-être triste à dire, le truc le plus sympa de H arrive tout à la fin du film, juste avant que les crédits ne commencent à apparaître. C’est le moment où est expliqué le titre du film. Il est préférable de ne pas en dire plus afin de ne pas gâcher ce qui sera sans doute le seul plaisir de ceux qui, malgré cet article, auront quand même décidé de jeter un œil à ce film.

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