Halloween 2

Un texte signé André Cote

USA - 2009 - Rob Zombie
Titres alternatifs : Rob Zombie's Halloween 2
Interprètes : Scout Taylor-Compton, Malcolm McDowell, Tyler Mane, Brad Dourif, Sheri Moon Zombie.....

Un an s’est écoulé depuis les meurtres commis par Michael Myers à Haddonfield. La vie reprend son cours mais le tueur, que tout le monde a laissé pour mort, s’apprête à revenir.
Le processus d’un remake est toujours une entreprise délicate. La réussite d’une nouvelle version dépend de la capacité du metteur en scène à s’affranchir de son modèle : le réalisateur d’un remake doit remanier une histoire, se focaliser sur certains aspects, en atténuer d’autres, ceci afin de ne pas sombrer dans la redite. Rob Zombie l’a parfaitement compris en s’attaquant au HALLOWEEN de John Carpenter. Dans la mouture de Zombie, on voit la première heure développée autour de la famille de son personnage principal, une famille à peine effleurée dans l’œuvre originale.
Fort de ce succès, la production annonce vite la mise en chantier de la séquelle qui nous intéresse ici. Mais si la fabrication d’un remake est complexe, celle de sa suite est peut-être plus problématique. En effet, si le long-métrage de Carpenter s’est imposé en classique, le second, en revanche, ne bénéficie pas d’une aura aussi prestigieuse et une révision semble salutaire. Dans le HALLOWEEN 2 de Rick Rosenthal de 1981, de nombreux éléments sont devenus des clichés : le tueur qui marche au ralenti pour poursuivre sa victime (qui pique un sprint) mais réussit à la rattraper in extremis, l’entourage qui n’écoute pas les avertissements d’une victime malgré la découverte de cadavres autour d’elle, etc… De quelle manière Rob Zombie reprend-il le script original qui regorge de faiblesses ? Part-il dans une direction inédite et dévellopper ses propres thématiques ? Ou se contente-t-il de reprendre la version de 1981 et la corrige-t-il légèrement pour parvenir à crédibiliser des situations jusque là poussives ? En somme, fait-il une suite de son remake ? Ou un remake du HALLOWEEN 2 de Rosenthal ?
La réponse ne se fait pas attendre et sonne presque comme une private joke à destination des amateurs du film de 1981 : les premières minutes semblent être une redite de cette version. Le début du métrage de 2009 enchaîne directement sur la conclusion du précédent volet de Rob Zombie : Laurie Strode est amenée à l’hôpital pendant que la police découvre le massacre commis par Myers, le célèbre tueur de la série. Toutefois, on dénombre quelques différences. Par exemple, Laurie Strode, encore sous le choc, n’est pas trouvée sur les lieux comme dans l’opus de 1981, mais déambulant dans les environs et le corps de Michael Myers est amené à la morgue alors que le tueur continuait à rôder dans les rues d’Haddonfield dans la version d’antan.
De plus, Zombie se contente d’expédier cette introduction pour ensuite la nier dans la séquence suivante. D’ailleurs, on pourrait voir là une des causes probables du rejet du métrage chez certains spectateurs car la liaison est faite par un artifice narratif aussi usé que hasardeux qui permet l’ellipse d’une année entière. Le réalisateur embraye alors sur une histoire inédite où tous les personnages connaissent des évolutions inattendues : celle du Docteur Loomis notamment, qui a arrêté de poursuivre un Michael Myers officiellement mort.
En conséquence, alors que nous craignions que cet opus ne soit qu’une séquelle de plus, il affirme sa singularité et confirme le nouveau souffle de la saga. Le réalisateur, par le biais de visions oniriques (procédé encore jamais vu dans la série), humanise son tueur. Dans le passé, ce dernier était réduit à une simple machine à tuer, pratiquement indestructible, dont la motivation devenait de plus en plus floue. Ici, il devient un être torturé par des fantômes qui le poussent à trucider quiconque croise son chemin.
Néanmoins, à l’instar des volets précédents, le scénario s’éparpille en s’intéressant aux autres protagonistes et à leur manière de gérer leurs traumatismes. C’est sur ce point que le bât blesse, car si l’intrigue concernant le Docteur Loomis offre des perspectives incroyables, tout ce qui touche à Laurie Strode (ses amis, sa famille…) relève presque de l’anecdote. En effet, le psychiatre incarné une nouvelle fois par Malcolm MacDowell, nous est montré sous un jour nouveau, pour ne pas dire innovant dans un slasher : il s’occupe de la promotion de son ouvrage sur Michael Myers, ce qui crédibilise l’existence d’un tel être dans un monde réaliste. En revanche, les péripéties de la jeune Strode semblent avoir été vues cent fois : ses rêves et toute l’effervescence de la fête d’Halloween la perturbent. Il est vrai que l’objectif du métrage est avant tout de décrire une société profondément bouleversée ce qui justifie l’élaboration de plusieurs récits. Il est donc presque naturel que l’intérêt de certains arcs narratifs soient plus faibles que d’autres.
De la sorte, Rob Zombie ne brosse pas le spectateur dans le sens du poil : la dimension psychologique et surtout onirique prend souvent le pas sur la progression du récit. En somme, il aborde le mythe avec un regard personnel mais respectueux, comme le prouve la présence du fameux thème de Carpenter. Inégal, imparfait, parfois brouillon, ce HALLOWEEN 2 vaut cependant bien plus que le statut de navet auquel beaucoup l’ont rabaissé.


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- Article rédigé par : André Cote

- Ses films préférés : Dark City, Le Sixième Sens, Le Crime Farpait, Spider-Man 3, Ed Wood


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