Hardcore Henry

Un texte signé Sophie Schweitzer

Russie, Etats-Unis - 2016 - Ilya Naishuller
Interprètes : Sharlto Copley, Danila Kozlovsky, Ilya Naishuller

Vous ne vous souvenez de rien. Vous réveillant dans ce qui semble être un laboratoire, la jolie blonde à vos côtés vous explique qu’elle est votre femme et que vous vous appelez Henry. Amélioré grâce à des membres bioniques, vous n’avez même pas le temps d’avoir la capacité de parler (qui devait vous être ajoutée) qu’une armée de mercenaires surarmés débarque menée par un albinos qui semble posséder des supers pouvoirs. Votre seule issue : la fuite !
Perdu dans un Moscou hostile, pourchassé par des mercenaires et une police corrompue, votre seul allié semble être une espèce de dément se prénommant Jimmy qui vous confie des missions afin de vous aider à survivre à cette journée véritablement infernale.

HARDCORE HENRY du génial Ilya Naishuller, petit génie russe, est un film point of view (FPS plus précisément car imitant le point de vue d’un jeu vidéo). La caméra est les yeux du héros dont nous ne percevons que les mains en premier plan bien souvent armées. Ce film est une véritable prouesse technique puisqu’il a été tourné en très peu de temps, avec un budget relativement réduit, et repose totalement sur son concept et les idées assez géniales qui tournent autour. Le film repose également sur son personnage principal qui n’est pas un acteur mais plutôt un cascadeur doté de deux Go Pro qui permettent d’avoir une vue donc en trois dimensions. Et l’ensemble dégage une vraie folie démentielle aussi bien dans sa mise en scène bourrine que dans une action non-stop.

HARDCORE HENRY est, en vérité, très rythmé. L’action ne redescend jamais. À chaque instant, notre héros est sollicité par de nouvelles menaces pesant sur sa vie. Pourchassé par tout le monde, il se retrouve guidé par un espèce de dingue qui lui donne des missions (à la manière d’un jeu vidéo) le confrontant à des supers tueurs, des mercenaires surarmés, et des méchants dont le niveau d’agressivité ne cesse d’augmenter jusqu’au final avec un affrontement à la hauteur des ambitions du film. L’allusion au jeu vidéo est donc totale. En effet l’écriture même du film est séquencé en des niveaux différents que notre héros doit atteindre, avec à chaque niveau un cran supplémentaire de difficulté, mais aussi de violence.

Ce qui rend HARDCORE HENRY vraiment jouissif et immersif est, bien sûr, sa mise en scène, mais le film en plus de révolutionner le film d’action et la violence, démontre une véritable folie comme on en a rarement vu jusqu’ici. Celle-ci est propre à la nationalité du film. C’est une Russie ultra violente, corrompue, que notre héros doit affronter, où la police tire à vue dans la foule, mais où l’on peut se retrouver pourchassé par un tank ou encore voir un type avec un lance-flamme se balader dans les rues de Moscou. Totalement démentiel, HARDCORE HENRY offre un grand spectacle immersif mélangeant action, folie, ultra violence, avec un rythme effréné.

On notera également une utilisation de la musique comme Tarantino le fait, c’est-à-dire pour augmenter l’aspect jouissif du film, mais aussi être en contrepoint de la violence, comme par exemple une joyeuse musique pop dans une explosion de violence et de gore. D’ailleurs, la référence à Tarantino n’est pas totalement innocente puisqu’on retrouve dans la séquence finale un hommage à KILL BILL. Et l’apparition de Tim Roth au début, confirme l’hommage rendu.

Aussi dingue qu’un OLD BOY dans son écriture et la montée en puissance de la violence et du sadisme de l’antagoniste, avec une utilisation de la musique et des scènes d’action proches de KILL BILL, un hommage vivace et efficace au jeu vidéo d’action tel que COUNTER STRIKE, et une certaine proximité avec DISTRICT NINE à la fois dans l’utilisation du genre, sa manière d’en repousser les limites, sa folie, mais aussi son côté touchant et l’humanisation progressive du héros, qui est confirmée avec la présence au casting de Sharlto Copley absolument génial une fois encore, HARDCORE HENRY est une explosion de folie cinématographique proprement jouissive et efficace qui ne ressemble à rien qui existe, original et jusqu’au-boutiste, qui a tout du film culte en devenir.


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà


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