Festival Européen du Films Fantastiquereview

Harold’s Going Stiff

Une épidémie de zombification se répand, ne touchant que les hommes. Cette maladie commence par une raideur des muscles et le dernier stade est une rage sanguinaire. Le patient zéro est Harold, qui, pour une raison inconnue, voit sa maladie évoluer beaucoup plus lentement que pour les autres malheureux atteints de cette étrange affliction. Alors que des petits groupes de chasseurs de zombis se créent, et que les chercheurs continuent à étudier le phénomène, des institutions, sortes de centres gériatriques, recueillent les zombis pour s’en occuper. Une infirmière est ainsi envoyée auprès de Harold, pour l’aider dans sa vie quotidienne et, au fil des jours, une grande amitié va naître entre eux.
Voici le premier film de Keith Wright. Il a filmé pendant neuf jours seulement avec un budget minuscule et des acteurs locaux évoluant dans sa région natale. Tout ce petit monde, guère connu du grand public, a donné vie à ce HAROLD’S GOING STIFF, un faux documentaire tout autant qu’un faux film de zombi.
Keith Wright a donc fait un faux film de zombi. Tout comme dans ses derniers films, George Romero ne rajoute des morts-vivants que pour appuyer les thèmes qu’il veut traiter, Keith Wright désire, avec son film, parler de la vieillesse. En effet, il a d’abord étudié la maladie d’Alzheimer et ses effets, et le métrage est une réflexion sincère et intelligente (bien qu’extrême, nous ne chassons pas encore nos personnes âgées avec une batte de baseball) sur la vieillesse et sa place dans la société. Car si l’on supprime l’élément fantastique, le film raconte finalement une belle histoire, celle d’une infirmière s’occupant, chez lui, d’un vieillard et découvrant qu’il devient son meilleur ami. Mais Keith Wright cache tout cela derrière un documentaire sur les zombis, avec interviews et autres spécificités propres à ce genre. Bien qu’il n’hésite pas à prendre des libertés avec les codes du faux documentaire, son intérêt se porte finalement sur l’histoire et son efficacité.
Et le film est une vraie réussite. Harold est touchant et très crédible dans ses difficultés quotidiennes, l’infirmière amène beaucoup d’humour, et leur histoire d’amitié est des plus plaisantes. De leur côté, les chasseurs de zombis sont joyeusement stupides. L’auteur, dans son souci de surprendre le spectateur, joue avec les codes du film d’horreur. Ainsi, par exemple, il installe une vraie scène d’horreur (les chasseurs de zombis doivent descendre dans une grotte débusquer une créature) qui s’avère être une scène de comédie. Il n’y a donc pas beaucoup de violence et d’horreur à proprement parler, mais ce n’est pas l’intérêt de ce HAROLD’S GOING STIFF. Non, au contraire, nous sommes touchés, émus, nous rions (il faut voir la démarche des zombis) et nous avons parfois envie de pleurer, au gré d’une histoire intelligente et magnifiquement écrite, positionnée sur un fil de rasoir aussi étroit que tranchant, mais sans jamais tomber dans le pathos trop lourd ou le ridicule.
Car un peu plus d’humour ne ferait que gâcher l’histoire en la faisant basculer dans le burlesque. Et un peu plus d’émotion n’amènerait que lourdeur et insistance. Au contraire, le scénario est très intelligent, et dresse un portrait on ne peut plus juste de la dégénérescence mentale et physique de l’être humain, et des solutions prises pour la gérer. Un film passionnant qui mérite d’être découvert et donne envie de suivre la carrière de cet auteur si intéressant.

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