Hausu

Un texte signé Tom Flener

Japon - 1977 - Nobuhiko Obayashi
Interprètes : Kimiko Ikegami, Kumiko Ohba, Miki Jinbo, Ai Matsubara

C’est le début des vacances d’été et Oshare (Kimiko Ikegami) doit les passer avec son père. Lorsque celui-ci veut emmener sa nouvelle petite copine, Oshare le ressent comme une tentative de remplacer sa mère morte huit ans auparavant et ne peut pas l’accepter. Fâchée, elle décide de passer ses vacances chez sa tante dans une maison isolée avec ses six meilleures copines. Mais une fois arrivées sur place, elles réalisent que tout n’est pas comme cela semble être.
HAUSU est le premier long métrage de Nobuhiko Obayashi et il a entre-temps réalisé une bonne quarantaine de films (la plupart probablement assez inconnue dans nos contrées). On peut douter que tous ses films suivants exhibent la même énergie que HAUSU, ainsi ce début de Nobuhiko Obayashi est d’autant plus remarquable. Dès les premières images, il attaque littéralement le spectateur avec une inventivité dans la mise en scène rarement vue. Chaque prise est unique dans son style et le spectateur reste ébloui par les couleurs et les transitions visuelles, au point de risquer de perdre le fil narratif. Présent et passé coulent l’un dans l’autre sans avertissement. A un moment, Oshare raconte l’histoire de sa tante et de son amant et les filles voient ce récit dans une séquence muette en noir et blanc, interactive au point qu’une des filles apparaît même au milieu de la séquence. Dans le même ordre d’idée, le voyage vers la maison de la tante reste une séquence surréelle en couleur bonbon et arc-en-ciel. Scène d’autant plus remarquable qu’elle rend alors les événements suivants, dans la maison, encore plus choquants.
Une fois que la narration installe les filles dans la demeure, l’assaut visuel de la mise en scène se calme, bien que les idées graphiques, tant au niveau narratif que des effets spéciaux, restent au menu. Si l’exécution dans le domaine technique laisse aujourd’hui à désirer (après tout, on se situe en 1977), le charme de l’époque subsiste. Finalement, le tout n’est pas à prendre trop au sérieux et même le gore est présenté avec un clin d’œil.
Nobuhiko Obayashi est bien secondé par une équipe de jeunes actrices qui se prête corps et âme au jeu. Bonnes actrices, elles ne se prennent jamais au sérieux tant et si bien qu’on se moque totalement de n’observer finalement qu’un groupe de stéréotypes. On a ainsi l’héroïne, Oshare, Fanta, sa meilleure copine à la fantaisie débordante, Kung Fu, la sportive ainsi que Melody, la douée en musique du groupe. On retrouve également Sweet, la petite innocente, à côté de Gari, l’intellectuelle, et Mac, la fille qui aime manger. C’est une sorte de Spice Girls japonaises dans un manoir hanté, sauf pour les chansons horribles, heureusement.
Si ces stéréotypes peuvent finalement devenir assez vite ennuyeux, le film bouge à un rythme agréable et avec leur jeu enthousiaste, les jeunes actrices nous font oublier tout manque de profondeur.
Et finalement, en insistant vraiment, on peut trouver quelques points négatifs. Ainsi, les filles se ressemblent dans le noir et quand l’action prend le dessus, ça bouge tellement vite qu’on risque de perdre légèrement le fil de l’intrigue. On peut tout autant regretter le manque d’exploitation des rôles du Professeur Togo et de la copine du père d’Oshare. Ces deux personnages sont supposés se rendre au manoir et ils n’y arrivent qu’à la fin, sans avoir quelconque influence sur l’intrigue.
Ces quelques regrets mis à part, HAUSU reste un divertissement tout à fait agréable, parfait pour passer une heure et demi sans aucun ennui. En effet, la première demi-heure, qui constitue une classe à elle-même, est visuellement réussie, même si le film manque un peu de ce flair visuel par la suite.

Retrouvez nos chroniques du Festival Offscreen 2012.


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- Article rédigé par : Tom Flener

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