Hell

Un texte signé Quentin Mazel

Allemagne - 2011 - Tim Fehlbaum
Interprètes : Hannah Herzsprung, Lars Eidinger, Stipe Erceg

Présenté au festival hallucination collective de Lyon, Hell est le premier film du réalisateur allemand Tim Fehlbaum et pour un premier film, le jeune réalisateur s’en sort plutôt bien.

Dans un monde post-apocalyptique où le réchauffement climatique a rendu la planète complètement aride et désertique un groupe de rescapés tente de survivre. Marie, Phillip et Léonie partent à la recherche d’eau et de nourriture dans les montagnes… mais ils ne sont pas seuls à tenter de subsister !

Un film post-apocalyptique très classique à première vue. Cependant, le jeune réalisateur va apporter quelques points d’originalité pour rendre ce tout premier film tout à fait appréciable.

C’est avant tout, des personnages parfaitement construits et interprétés qui donnent une première force au film. C’est en évitant toute forme de caricatures et de cartésianisme cloisonné que Fehlbaum arrive à rendre ses personnages particulièrement humains et vrais ; et ce n’est pas toujours le cas dans le genre qui a parfois tendance à privilégier les personnages symboliques. C’est donc un casting plaisant et bien campé qui permet de créer cet univers vraisemblable. Notons que c’est la deuxième collaboration d’ Hannah Herzsprung et de Stipe Erceg qui avaient déjà partagé le casting de LA BANDE A BAADER de Uli Edel.

Le film est parcouru de plusieurs bonnes idées de réalisations comme l’utilisation des talkies-walkies qui permettent une évolution dans le monde de façon originale et intelligente.

Le traitement des couleurs est aussi à souligner. Ainsi, pour mettre en image l’assèchement et l’aridité ambiante, Fehlbaum opte pour une saturation excessive de la lumière jusqu’à rendre certains plans illisibles mais narrativement et graphiquement tout à fait pertinents.

HELL ne manque cependant pas de points faibles. C’est principalement du point de vue technique que le film tombe dans la facilité qu’on pourrait dire fainéante. L’utilisation répétée de la shaky cam ou encore la surabondance de plans de demi ensemble sans réel plan général déçoit profondément et entache gravement la facture générale du film. Finalement, HELL n’arrive jamais à légitimer ses choix de mise en scène et l’aspect téléfilm n’est jamais très loin. On reprochera aussi les références à MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE légèrement « sur-appuyées » qui n’apportent en réalité que très peu de chose au métrage.

Les points forts de HELL sont principalement dans les choix des thèmes abordés. En effet, à l’inverse de THE DIVIDE de Xavier Gens qui mettait en avant l’individualisme exacerbé et l’affrontement du « chacun pour soi », préfère proposer quant à lui, une vision plus solidaire et courageuse de l’humanité. C’est en effet grâce à une coopération fraternelle que la survie est possible. Ne nous méprenons pas, ce genre de film a déjà mis en avant cette vision rousseauiste du monde. Cependant, le jeune réalisateur fait preuve d’une certaine subtilité dans cette démarche et évite le moralisme outrageux et l’héroïsme sacrificiel dont certains réalisateurs comme Roland Emmerich se font une spécialité… car notons-le, monsieur Emmerich est producteur exécutif de ce long métrage. Ainsi, c’est avec un certain plaisir cynique que l’on constate que ce monsieur peut aussi faire autre chose que soutenir des projets écervelés et patriotiques.

L’utilisation stratégique de la musique est aussi pertinente. On évite ainsi les grands moments dramatiques où fertiles en émotions faciles, ce qui fait que le film reste sobre et adroit pour notre plus grand plaisir.
Disons que HELL est un premier film très sympathique écrit et réalisé par Tim Felhbaum. On peut le critiquer sur certains points mais ce premier long métrage intelligent et innovant reste tout à fait plaisant.
Attendons donc avec curiosité le prochain travail de ce jeune homme !


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- Article rédigé par : Quentin Mazel

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