Hell Has No Boundary

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Hong Kong - 1982 - Chuan Yang
Titres alternatifs : Mo Jie
Interprètes : Derek Yee, Lau Suet Wah, Hua Yueh

Cette production Shaw Brothers fut réalisée au début des années 80 par Chuan Yang, lequel devait récidiver dès l’année suivante avec un SEEDING OF A GHOST des plus réjouissants. Ici, le métrage s’inscrit clairement dans la tradition des films de sorcellerie de la compagnie mais se rapproche davantage de BLACK MAGIC ou de HEX que des mises en scènes plus excessives et bis à la BOXER’s OMEN. Bref, un peu plus de cohérence et un peu moins de déconnade érotico gore…Quoique !
Le scénario nous présent un jeune couple de policiers composé par Cheng Jung et Wong Lai Fai, respectivement incarné par le célèbre Derek Yee (devenu depuis un réalisateur en vue) et la jolie Lau Suet Wah que l’on reverra dans d’excellents Wu Xia de Tony Liu comme THE LADY ASSASSIN, BASTARD SWORDSMAN ou le définitif HOLY FLAME OF THE MARTIAL WORLD. La belle demoiselle et son copain occupent donc leurs vacances sur une île mais Wong à la mauvaise idée de suivre un bruit étrange qui la réveille au milieu de la nuit. Sans doute n’a-t-elle jamais vu de film d’horreur car, bien sûr, chacun sait qu’il s’agit là d’une très mauvaise idée. Là preuve ! Une entité maléfique prend alors possession de son corps (vu le physique de la jeune fille on peut la comprendre d’ailleurs mais ne nous égarons pas) et, peu après, Wong agresse un gamin et tente de le noyer pour une raison futile. Son copain Cheng Jung s’interpose mais, de retour au travail, la jeune policière continue à se comporter de plus en plus bizarrement. Lors d’une arrestation Wong tue un suspect en forçant la balle de son arme à changer de direction, sous les yeux d’un reporter médusé. Ensuite deux jeunes femmes qui se sont moquées d’elle meurent dans un accident d’ascenseur. Alors que les morts s’accumulent une évidence s’impose : un fantôme l’habite ! (oui c’est moins drôle qu’avec Satan mais c’est ainsi).
HELL HAS NO BOUNDARY constitue une sympathique surprise de la part de la Shaw Brothers et évite les « départs en vrille » de nombreux autres titres touchant à la magie noire asiatique. Ici, Chuan Yang tient clairement bon la rampe de son récit et propose une construction plus rigoureuse que de coutume. Evidemment le principal corollaire réside dans la prévisibilité de l’intrigue et il est en effet difficile de se montrer surpris devant les rebondissements, souvent assez attendus qui émaille le déroulement de toute cette histoire de possession et de réincarnation. Le spectateur, d’ailleurs, semble toujours avoir une ou deux longueurs d’avance sur les personnages qui mettent un certain temps (pour ne pas dire un temps certain !) à de comprendre ce qui se passe. Au niveau de « l’action », les nombreuses morts relativement spectaculaires commises par le spectre vengeur rappellent bien sûr l’un ou l’autre classique occidental de l’épouvante, LA MALEDICTION en tête. Ou, pour nos plus jeunes lecteurs, DESTINATION FINALE. On peut également rapprocher cette volonté de surenchère flirtant avec le grotesque des réalisations de Lucio Fulci de la même époque et en particuliers de L’AU DELA et FRAYEURS. Il y a donc pires références !
La progression dramatique reste toutefois suffisamment bien orchestrée pour que l’on se laisse prendre au jeu, d’autant que les personnages bénéficient d’un minimum de développement. Le dernier tiers du métrage verse cependant davantage dans l’horreur et offre un spectacle proche du Grand Guignol émaillé de scènes peu ragoûtantes et sanglantes à base d’insectes et de liquides colorés. Mention spéciale à l’utilisation d’une petite fille achetée par ses parents par un couple de contrebandier qui vont la tuer et ouvrir son corps pour y cacher des marchandises. Mais ce n’est pas tout puisque le cadavre est finalement récupéré par un restaurateur peu scrupuleux qui utilise la viande pour préparer ses plats ! Pas étonnant que l’esprit de la gamine réclame ensuite vengeance ! Une autre séquence toute aussi mémorable, mais indéniablement plus bis (pour ne pas dire un peu ridicule), détaille un policier attaqué dans les toilettes par du papier WC, lequel finit par l’entourer complètement jusqu’à l’étouffement. Un grand moment !
Dans cette dernière partie HELL HAS NO BOUNDARY n’hésite jamais à en faire trop et le cinéaste ne se prive pas de détailler des visions d’asticots grouillants ou des rituels bizarres. L’intrigue, elle, s’étiole un peu et la cohérence initiale en prend un coup mais le film reste tout à fait divertissant et agréable.
Avec son intrigue correcte, ses mises à morts spectaculaire et son côté bis assumé, particulièrement lors d’un long final excessif, HELL HAS NO BOUNDARY constitue une bonne entrée en matière pour quiconque souhaite s’initier à l’horreur asiatique. Divertissement horrifique jamais ennuyeux, le film de Chuan Yang devrait satisfaire les amateurs et se classe dans le peloton de tête de cette vague de magie noire orientale.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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