Hell’s Highway

Un texte signé Patrick Lang

USA - 2002 - Jeff Leroy
Titres alternatifs : Bloody Highway
Interprètes : Phoebe Dollar , Kiren David , Jonathan Gray , Hank Horner III , Beverly Lynne...

Un homme roule sur une route désertique. Il décide d’emmener l’auto-stoppeuse sexy qu’il aperçoit, juste après avoir caché le couteau qu’il avait dans sa voiture. C’est un tueur sanguinaire qui ne va pas tarder à laisser libre cours à ses plus bas instincts. Mais la jeune femme va se révéler bien plus dangereuse que son agresseur. C’est aussi ce que vont découvrir un groupe de quatre ados, qui feront également l’erreur d’emmener cette entité démoniaque…
Tout d’abord il faut savoir que HELL’S HIGHWAY est un film amateur, comme le confirment les toutes premières images. Entrons dans le vif du sujet, le budget devait avoisiner le néant et cela se voit. Mais le réalisateur arrive parfois à nous cacher ce manque, ce qui n’empêche pas le bon gros Z de reprendre le dessus par moments.
Et c’est malheureusement le plus gros défaut du film. Il vacille entre le pire des Z à coups d’effets spéciaux fauchés, et le meilleur du B par certaines scènes très tendues. L’exemple le plus frappant est celle du téléphone portable. Un grand moment de suspense, qui est annihilé par un effet spécial vraiment hilarant, et mémorable par la même occasion. Explication : un des protagonistes du film veut savoir si le téléphone qu’il vient de trouver appartient à son frère supposé mort. Il l’utilise donc pour vérifier. La tension monte crescendo quand le réalisateur décide de nous emmener avec les ondes vers le satellite en orbite. On assiste à un voyage sidéral et cet effet pourri tue dans l’oeuf une scène qui avait pourtant bien démarrée. Tout le film est composé de ce genre de fautes de goût. Heureusement certains passages en réchappent et gardent un aspect plus honorable. On oublie parfois le côté fauché de cette production grâce à une réalisation plutôt bien fichue.
Techniquement, le travail accompli fait plaisir à voir. Un montage nerveux et de l’humour ( pas toujours volontaire ) rendent l’ensemble assez plaisant. HELL’S HIGHWAY a été tourné en vidéo. La qualité de l’image, plutôt granuleuse nous le démontre. Ce n’est pas un défaut en soi, et cela donne même un aspect ‘seventies’ au film. Le réalisateur semble influencé par cette décennie chargée en métrages secs et violents. Il cite plusieurs films de cette période, MASSACRE A LA TRONCONNEUSE par exemple. Quand il n’en reprend pas des scènes entières, comme la ”danse de la tronçonneuse” effectuée par notre cher Leatherface, ou encore la scène où L’auto-stoppeur se fait écraser. Jeff Leroy cite également LE PROJET BLAIR WITCH, autre film tourné en vidéo. Avec toutefois moins de justesse et de ”classe”, on reste ancré dans le Z de bas étage. Le film regorge de bonnes idées, mais dès que le réalisateur essaye d’apporter de l’envergure à l’ensemble, il se plante complètement. Jeff Leroy nous réserve même plusieurs surprises pour la fin de son film. C’est peut-être un mauvais choix, mais ce n’est qu’à la vision de celles-ci que vous pourrez en décider. Paradoxalement, les scènes les plus simples sont les plus effectives. On peut citer certains dialogues bien ficelés, parfois bien interprétés. On peut également noter certaines situations déviantes. La séquence où notre auto-stoppeuse frotte une arme entre les jambes d’une passagère affolée en est le plus bel exemple. Cela donne une petite saveur de Série B qui s’estompe rapidement. La faute à des péripéties malvenues et aux effets spéciaux tantôt très mauvais, tantôt passables. Ils sont d’ailleurs signés Joe Castro, bien connu pour son TERROR TOONS, déjà très gore.
Le gore n’étant d’ailleurs pas ce qu’il manque à ce HELL’S HIGHWAY. Plusieurs démembrements et découpages sont à découvrir à un bon rythme. Cela empêche l’ennui de s’installer et ajoute un aspect très jouissif au film. Jeff Leroy ne s’est pas arrêté après ce film qui date de 2002, sa filmographie est plutôt consistante. S’il réussit à gommer ces quelques défauts, il pourrait bien y avoir quelques pépites à découvrir.
Au final, HELL’S HIGHWAY aurait gagné en efficacité s’il avait gardé un allure plus simpliste. En effet, Jeff Leroy n’a pas les moyens de se permettre des explosions de voitures et de vols dans l’espace. Mais ça, il s’en moque, il tente quand même le coup. Il se plante complètement, mais le fun n’en est que plus présent. Plusieurs effets gore bien craspecs viennent pimenter l’ensemble. HELL’S HIGHWAY mérite malgré tout une chance d’être découvert car il ne nous laisse pas le temps de nous ennuyer.


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- Article rédigé par : Patrick Lang

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