retrospective

Hercule contre les fils du soleil

A la fin de l’âge d’or du péplum mythologique italien, les héros perdirent toutes spécificités et leur nom eux-mêmes devinrent interchangeables. Hercule, Maciste, Ursus, Samson,…de simples noms (parfois changé par les traducteurs) n’ayant plus rien en commun avec les personnages légendaires auxquels ils étaient jusque-là attaché. Emportés par leur imagination et soucieux de renouveler une recette usée par des dizaines de petites productions sans grand intérêt, les cinéastes firent voyager ces personnages, et notamment le demi-dieu antique à différentes époques. Rien d’étonnant, dès lors, à ce qu’il se retrouve ici au pays Inca.
Réalisé par Osvaldo Civirani, HERCULE CONTRE LES FILS DU SOLEIL s’annonçait comme sympathiquement incongru, à l’image d’un ZORRO CONTRE MACISTE. Malheureusement, si Umberto Lenzi tirait le meilleur parti de cette rencontre improbable entre le Renard et le culturiste, Civirani n’arrive jamais à faire décoller son film, la faute, en partie, à un scénario trop balisé pour passionner.
Hercule, échoué en terres inca, rencontre le brave prince Maytha dont le trône paternel a été volé par l’infâme Ata Hualpa. De plus, le tyran n’hésite pas à kidnapper la princesse Hamara pour l’offrir en sacrifice au dieu soleil mais, heureusement, Hercule se propose de la sauver…
Civirani, décédé en 2008 à 90 ans, fut un de ses nombreux artisans, aujourd’hui oublié, du cinéma populaire italien. Réalisateur, scénariste, directeur photo, producteur,… Civirani débute sa carrière en 1963 avec le mondo gentillet SEXY INTERDIT, enchaîne avec cet HERCULE CONTRE LES FILS DU SOLEIL, revient au mondo avec VOLUPTES DIABOLIQUES, tâte du western via le très moyen RETOUR DE DJANGO et parodie le cinéma de Dario Argento avec I DUE GATTONIE A NOVE CODE…E MEZZA AD AMSTERDAM tout en livrant un giallo assez quelconque (LE DIABLE A SEPT FACES). Bref, rien de très glorieux mais rien de vraiment désastreux non plus. HERCULE CONTRE LES FILS DU SOLEIL se situe, lui aussi, dans cette honnête mais peu palpitante moyenne.
Le film bénéficie cependant d’un budget correct pour une production de « fin de cycle », ce qui permet des costumes colorés, quelques décors plaisants et un minimum d’ampleur. Hélas, le scénario n’est guère palpitant et reproduit tous les clichés du sword and sandal (repris ensuite par tous les scribouilleurs de la Fantasy) avec son despote et sa princesse enlevée promise à l’holocauste. Hercule manque également de prestance et ne réalise pas de grands exploits, loin de la plupart des films de la saga où on le voit affronter des animaux sauvages, des créatures surnaturelles ou abattre d’énormes bâtiments. Ici, il se contente de guider ses troupes jusqu’à la bataille finale, assez bien emballée mais peu mémorable. Elle donne toutefois un peu de tonus à un film qui en manquait jusque-là, le cinéaste perdant beaucoup trop de temps lors de scènes bavardes ou durant d’interminables passages dansés dont la seule utilité semblent d’atteindre les 80 minutes réglementaires.
On pointera néanmoins les interprétations plutôt crédibles de Guiliano Gemma et Mark Forrest. Le premier, bien connu des amateurs de cinéma italien, a traversé cinq décennies, de ses débuts dans L’ENNEMI DE MA FEMME à ses dernières rôles pour la télévision. On se souvient de sa participation à LES TITANS, LA FUREUR DES GLADIATEURS et, bien sûr, ses westerns, souvent très réussis, comme LE DOLLAR TROUE, UN PISTOLET POUR RINGO (et sa suite), ARIZONA COLT, TEXAS, etc. Le grand public, de son côté, l’a sans doute repéré dans LE GUEPARD ou les deux premiers « ANGELIQUE ». Mark Forrest, de son vrai nom Lou Degni, a tourné dans une douzaine de péplums comme MACISTE L’HOMME LE PLUS FORT DU MONDE, HERCULE CONTRE LES BARBARES ou LE RETOUR DES TITANS.
Au final, cet HERCULE CONTRE LES FILS DU SOLEIL s’avère globalement divertissant et s’apparente à un film d’aventures à l’ancienne empreint d’un parfum BD suffisamment prononcé pour qu’on s’y laisse prendre avec une certaine indulgence.

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