Un texte signé Patryck Ficini

France - 1970 - Lebrun Michel
Titres alternatifs : Les Mystères d'Hollywood

chroniques-infernales

Hollywood Confidentiel

« Les deux chiens me bondissaient dessus, yeux luisants et gueules largement ouvertes sur des crocs effilés. » (P. 113)
On connaît Michel Lebrun comme spécialiste incontesté du polar mais aussi comme écrivain accompli. Un vrai romancier pop qui fit ses débuts dans l’espionnage et le polar de série, pour la plus grande joie des amateurs. Michel Leclerc ou Michel Lenoir, c’était lui !
HOLLYWOOD CONFIDENTIEL fut son premier roman, écrit en 1955 mais publié seulement en 1970 (source : Dictionnaire des Littératures Policières).
Il s’agit d’un roman noir complètement délirant, bourré jusqu’à la gueule de pervers affolants, où l’on découvre les pires côtés du Hollywood des années 20, un milieu évoqué de manière moins nostalgique que ne le fit Robert Bloch dans son magnifique CREPUSCULE DES STARS. Lebrun a choisi le parti d’en rire et d’en rajouter dans la violence et le sexe à tous crins. Ca tue et ça partouze gaiement à Hollywood, où un ex pistolero masqué du cinoche engage un ex-tôlard comme garde du corps. Un gars musclé, à la gueule de Michel Constantin, qui se tape bientôt toute la gent féminine de la maisonnée (deux filles délurées et une mère masochiste – ce qui nous vaut d’excitantes scènes de flagellation qui évoquent en moins sérieux le très beau LA PROIE ET L’OMBRE de Edogawa Ranpo.). Ce, quand il ne tue pas des dogues ou des tigres ( !) quasiment à mains nues – ce qui achève de faire de lui un véritable héros howardien.
Chaque titre de chapitre est un simili titre d’épisode de serial, et l’on se régale : Le Cri de l’épouvante, Minuit dans la Maison tragique ou L’Abominable Supplice ! Il y en a vingt comme ça, et Lebrun essaie même de terminer chaque épisode, pardon chaque chapitre, par un cliffhanger du genre : « Notre héros se tirera-t-il de sa périlleuse situation ? » ou… « Le faux prince hindou sera-t-il démasqué ? » – celui-là, il fallait oser !
L’intrigue est bonne (qui a assassiné le boss du héros et pourquoi ?), sur fond de naissance du cinéma parlant. L’on peut juste regretter que ce polar déjanté et un peu trashy ne fasse pas une part plus importante au cinéma d’alors –même si l’on évolue dans un milieu d’acteurs lubriques et si l’on assiste au tournage d’un film.
Enfin, Lebrun n’avait assurément pas pour but de jouer les Bloch, et c’est peut-être tant mieux car ce HOLLYWOOD CONFIDENTIEL est unique ! La parfaite fusion du serial, du roman populaire à deux sous et du roman noir hardboiled mais sexy en diable
« Zelda (…) s’est tournée sur le ventre, m’exhibant son dos et ses reins couturés. Son regard étincelait.
– Mais vas-y ! Qu’est-ce que tu attends imbécile !
J’étais tellement furieux et écoeuré que je me suis mis à la frapper. De toutes mes forces.
Alors elle a mordu l’oreiller. » (PP. 40-41)


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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