Horny house of horror

Un texte signé Philippe Delvaux

Japon - 2010 - Jun Tsugita
Titres alternatifs : Fasshon heru, Fashion Hell

Trois copains de baseball s’en viennent fêter l’enterrement de vie de garçon du troisième – un peu puceau – dans ce nouveau salon de massage (délivrant toute sorte de services sexuels à l’exception de la pénétration) qui vient d’ouvrir. Ils délaissent donc le base-ball au profit du « baise-ball » ! Mais ce salon se distingue de ses concurrents : dans cette antichambre de l’enfer, les hôtesses sont chargées de tuer les clients après les avoir émasculés.

Le Japon est un des derniers pays au monde a encore monter des productions érotiques à destination des salles. A dire vrai, le parc de salles érotiques japonaises ne fait plus que survivre mais il a du moins le mérite d’encore exister. La production érotique japonaise récente est partiellement connue dans nos contrées par l’exploitation dvd (la collection Mushi Mushi, éditée en Hollande et systématiquement sous-titrée en français) et par l’ouvrage de Julien Sévéon (« Le cinéma enragé », dont un des chapitres est tout entier consacré aux tendances du pinku des deux dernières décennies).

De toute éternité, cinéma érotique et d’horreur ont flirté. Que ce soit par la nature même du ciné d’horreur, qui s’adresse essentiellement aux sens, par son sadisme qui renvoie aux pans les plus sombres de la sexualité humaine… ou plus prosaïquement par des conditions d’exploitations ou de productions similaires : prépondérance des petits budgets, confinement aux salles de quartier ou à l’exploitation vidéo, problèmes récurrents avec la censure…

Le pinku japonais bénéficie traditionnellement de plus de liberté formelle et thématique que le cinéma érotique euro-américain. Sous réserve de montrer quelques scènes dénudées, le réalisateur peut creuser ses thèmes de prédilection. En outre, l’intérêt porté par une société japonaise, étrangère à la culture chrétienne, au sexe se répercute dans une production à la fois foisonnante et qui a su très vite segmenter le marché en une multitude de niches. Parmi celles-ci, on pourra donc trouver le mélange de sexe et d’horreur, dont les origines, ou du moins le pic créatif se situe aux grandes heures de l’éro-goru dont témoigne à suffisance la série des JOY OF TORTURE.

Avec HORNY HOUSE OF HORROR, on se situe plus clairement dans le Z désargenté qui s’assume en tant que tel : 2-3 décors dans une maison de passe (partout), 5 hommes, 3 femmes, une intrigue évanescente et c’est emballé. Le produit se situe, érotisme en plus, à proximité des premiers Herschel Gordon Lewis.
L’ensemble est filmé sans aucun génie ni inventivité, l’interprétation est amateur, la valeur artistique nulle… mais, vu dans des conditions ad hoc, l’ensemble fonctionne parfaitement.

Et ces conditions ad hoc sont celles-ci : HORNY HOUSE OF HORROR a été présenté en première internationale au 29e BIFFF à Bruxelles, en séance de minuit, devant une assistance parfaitement au fait de ce qu’elle venait voir et exprimant joyeusement sa joie de chairs dénudées. Le réalisateur et le concepteur des effets spéciaux, pas en reste, semblaient ravis de présenter leur film au BIFFF, le second poussant le vice jusqu’à monter sur scène seulement vêtu d’un cache-sexe en forme de démon. Ambiance folle dans la salle : commentaires salaces ou rigolards égaient l’action ou les passages plus lents. HORNY HOUSE OF HORROR, qui a le bon gout de ne pas trainer en longueur est donc du cinéma forain qui ne goutera qu’à ceux qui se mettront dans les conditions adaptées, bières à proximité, potes à main gauche, copines à main droite… baladeuse.

En septembre 2011, HORNY HOUSE OF HORROR a été projeté à l’Etrange Festival dont la programmation 2011 faisait, comme au BIFFF, la part belle à la compagnie de production Sushi Typhoon

Retrouvez nos chroniques du BIFFF 2011.

Retrouvez nos chroniques de l’Etrange Festival 2011.


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- Article rédigé par : Philippe Delvaux

- Ses films préférés : Marquis, C’est Arrivé Près De Chez Vous, Princesse Mononoke, Sacré Graal, Conan le Barbare

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