Un texte signé Mazel Quentin

France - 2014 - Romain Basset
Titres alternatifs : Fièvre
Interprètes : Lilly-Fleur Pointeaux, Catriona MacColl, Murray Head

DossierL'étrange Festival 2014review

Horsehead

Programmé hors compétition, HORSEHEAD, FIEVRE pour les intimes, a été projeté en première mondiale en présence de l’équipe du film, lors de L’Étrange Festival 2014.
Enfin, un nouveau film français. En effet, si les années 2000 ont vu le nombre de longs-métrages fantastiques Français exploser, nous sommes navrés de constater que cette tendance a commencé à s’inverser. C’est donc avec un plaisir particulier que nous avons découvert celui-ci.
Le film était l’un des plus attendus du festival, pour preuve celui-ci a rempli la grande salle 500 du Forum des Images. Pour cause, HORSEHEAD est un projet qui fut dévoilé au public en 2012 par l’intermédiaire d’une campagne de fonds Kisskissbankbank. Menée à terme, celle-ci a permis de récolter des fonds afin de pouvoir financer une partie de la post-production du film. Enfin c’est un magnifique casting qui a probablement confirmé cette attente, en tête l’une des reines du cinéma d’horreur, Catriona MacColl. Le premier rôle est quant à lui interprété par une jeune actrice, Lilly-Fleur Pointeaux connue entre autres pour le rôle d’Amandine dans la série TV, Platane. Notons aussi la présence de Philippe Nahon à ce casting, dans le rôle du prêtre du village.
La présentation faite, passons au film.
HORSEHEAD, raconte l’histoire de Jessica, une étudiante en psychophysiologie du rêve qui depuis son enfance fait d’étranges cauchemars. Ceux-ci qui l’ont poussés à entamer des études dans ce domaine afin, peut-être, de répondre à ses questions. Après le décès de sa grand-mère, Jessica retourne au foyer familial afin d’assister, comme il se doit, à la veillée funèbre. Ses cauchemars s’intensifient alors.
L’origine du film semble en grande partie inspirée d’une des œuvres du peintre britannique Johann Heinrich Füssli, intitulée Le Cauchemar. L’œuvre datée de 1781, met en scène une femme endormie ainsi que les différentes figures présentes dans son rêve. On trouve un démon assit sur le ventre de la demoiselle et une tête de cheval émergeant d’un drapé qui constitue l’arrière-plan du tableau. Si la figure du démon est absente du métrage, la tête de cheval est l’un des éléments distinctif du film et donne une belle scène d’ouverture en reprenant presque le tableau tel quel.
Nous en venons à la réussite principale du métrage, la mise en scène. Magnifiquement construite, elle propose un ensemble de scènes transcrivant les rêves de Jessica. De superbes décors, de splendides idées de cadrage et d’éclairages, le rendu est souvent iconique et la photo éclate à l’écran.
Le film ne cache pas ses inspirations, qui viennent autant du giallo italien, par ses éclairages et ses gros plans, que des films anglais de la Hammer dans la construction de décors à l’ambiance Baroque. Si Romain Basset tire ainsi parti sans honte de sa cinéphilie, le film ne prend jamais la forme d’un pastiche ou d’une imitation. C’est sur ce point que le film est intéressant. Malgré un tournage en anglais, le film sonne français par son intrigue et ses personnages. HORSEHEAD est bien un enfant du pays.
La grande force de HORSEHEAD réside donc dans l’univers onirique qu’il propose. Passionnante et splendide, la mise en scène comme la photographie sont les deux piliers sur lequel repose le métrage. Les effets spéciaux et maquillages de ce personnage à tête de cheval sont particulièrement réussis. La bande originale du film est aussi à souligner, réalisée par le groupe de rock français BlackRain, les morceaux se mêlent parfaitement aux images et font même parfois ressortir les couleurs de certaines séquences.
Après ces compliments, il faut reconnaître qu’il manque à HORSEHEAD, un petit quelque chose difficile à formuler. La narration trop attachée aux tableaux oniriques relègue l’intrigue générale au second plan. Les éléments mystérieux n’étant pas toujours équilibrés entre la « réalité » et le « rêve », le métrage manque parfois d’un rythme harmonieux. Ainsi, le scénario sert principalement à tisser un fil conducteur entre de belles séquences de rêve. Ce procédé, tend alors à éloigner le spectateur de l’enjeu et des protagonistes du film. Enfin, on regrettera le nombre trop faible de plans larges, un reproche que l’on fait souvent aux petites productions qui font souvent l’impasse sur cette échelle par manque de moyens. Un reproche qui n’en est donc pas vraiment un.
Ces petits points d’ombres n’entachent en rien la qualité de ce premier film, qui nous semble sur bien des points, admirable.
HORESEHEAD est une petite réussite, dont le budget probablement faible n’a pas empêché d’atteindre une excellente qualité graphique et sonore. Nous sommes donc impatients de pouvoir découvrir un nouveau projet de ce jeune réalisateur.

Retrouvez nos chroniques de l’Etrange Festival 2014


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- Article rédigé par : Mazel Quentin

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