review

House

Si depuis quelques années sévit du côté d’Hollywood l’habitude de réaliser des remakes d’œuvres phares du cinéma de genre des années soixante-dix et quatre-vingts avec plus ou moins de bonheur, il ne faut pas voir dans ce HOUSE cuvée 2008 une quelconque remise au goût du jour du film culte de Steve Miner sorti en 1986. Il s’agit ici de l’adaptation d’un roman écrit à quatre mains par Ted Dekker et Frank Peretti, déjà à l’origine d’un roman précédemment adapté par Robby Henson, réalisateur qui semble se spécialiser dans le fantastique et l’horreur.
Au fin fond de l’Alabama, deux jeunes couples citadins trouvent refuge dans une grande bâtisse abritant un hôtel après avoir failli se tuer dans la collision de leurs voitures respectives. Obligés de passer la nuit sur place en attendant la dépanneuse, ils sont accueillis par l’étrange famille gérant l’établissement, famille d’autant plus inquiétante qu’elle semble en savoir beaucoup sur le passé de chacun. Et alors que la tension monte inexorablement, l’arrivée d’une silhouette menaçante, masquée et armée, cherchant à tout prix à s’introduire dans l’hôtel va orienter la soirée vers un cauchemar absolu dont peu sortiront indemnes.
Disons-le d’emblée : le pseudo twist final est vendu au bout du quart d’heure d’exposition et achève de plomber la crédibilité d’un film qui pourtant ne manquait pas d’attrait. Débutant par un flash-back aussi classique qu’efficace, HOUSE s’impose d’emblée comme une série B soucieuse de son esthétique. Visuellement irréprochable et cherchant à faire preuve d’inventivité visuelle à chaque plan, le réalisateur parvient à créer une atmosphère unique, aux confins de l’onirique ce qui va, paradoxalement, trahir le suspense et vendre la mèche quant aux tenants et aboutissants de l’histoire. Plongée vertigineuse dans des psychés torturées, HOUSE s’égare malheureusement dans un vain jeu de piste en étirant trop longtemps son suspens. Mieux aurait valu ménager le twist en milieu de film pour ensuite l’emmener sur des chemins inédits, à la manière de Stephen King et de sa nouvelle WILLA parue dans le recueil JUSTE AVANT LE CREPUSCULE qui, sur un pitch sensiblement identique, livre un émouvant récit, renouvelant avec brio un type d’intrigue très orienté QUATRIEME DIMENSION. Alors que reste-t-il d’intéressant dans ce HOUSE ? Eh bien d’abord le plaisir toujours intact de retrouver des figures du cinéma de genre comme Michael Madsen, Bill Moseley et même Leslie Easterbrook (qui partageait l’affiche avec Moseley des deux premiers longs de Rob Zombie) ainsi qu’un labyrinthique jeu de piste dont l’intérêt s’érode au fil du temps mais dont la mise en scène fait preuve d’une force et d’une gestion de l’espace le rendant étouffant et restituant l’atmosphère confinée des lieux de l’action. HOUSE aligne également quelques références visuelles, au premier rang desquelles la petite silhouette en rouge de NE VOUS RETOURNEZ PAS et convoque le temps d’un clin d’œil le grand Lance Henriksen pour une voix.
Inédit vidéo visuellement réussi mais au traitement présentant de sérieuses lacunes, HOUSE se positionne dans le haut du panier même si son discours autour de la culpabilité, nœud dramatique majeur du scénario, aurait gagné à prendre plus d’ampleur et de profondeur.

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