retrospective

I Married a Monster from Outer Space

Dans la bourgade de Norrisville, aux Etats-Unis, la vie semble couler paisiblement. Dans un bar, une bande de copains fête l’enterrement de vie de garçon de l’un des leurs, Bill Farrell. Ce dernier, vendeur en assurances, va se marier avec la jolie Marge Bradley. Mais alors qu’il rentre chez lui, un événement incroyable se produit. Une rencontre inattendue qui va bouleverser son existence, celle de ses proches, et annonciatrice d’une grave menace risquant de mettre en péril la vie de tous les habitants. Une entité extra-terrestre s’est emparée de Bill Farrell, et bientôt plusieurs autres personnes, toutes de sexe masculin, vont être à leur tour possédées. Le mariage a lieu, malgré tout. Les jours passent, et bien que Marge ignore ce qui s’est passé, elle se rend compte que le comportement de l’homme qu’elle aime a bien changé.
Une nuit, tandis que son mari est sorti, elle décide de le suivre…
Si Gene Fowler Jr est plus connu pour ses westerns, on lui doit pourtant deux classiques du cinéma fantastique américain des années 1950 : I WAS A TEENAGE WEREWOLF (1957, avec Michael Landon) et ce I MARRIED A MONSTER FROM OUTER SPACE, réalisé l’année suivante. Malgré le côté saugrenu de ces titres, la façon dont Gene Fowler Jr aborde le genre fantastique est paradoxalement sérieuse, en tout cas loin de l’aspect fantaisiste de bien d’autres productions américaines de cette époque, dans le même créneau. Le cinéaste s’évertue à doter ses personnages d’une psychologie complexe, et à instaurer une dimension dramatique au cœur d’une histoire relevant de la pure science-fiction.
Le scénario rappelle évidemment fortement celui du film de Don Siegel : L’INVASION DES PROFANATEURS DE SEPULTURES, tourné en 1956. Gene Fowley Jr reprend l’idée d’extra-terrestres possédant des humains, prenant leur apparence, mais devenant dénués de toute émotion. Au niveau de l’ambiance, on est assez proches, également, de la série LES ENVAHISSEURS (1967/68), notamment par le biais de l’héroïne, Marge, connaissant la vérité, mais que l’on ne croit pas.
Malgré le look un peu « craignoss » des extra-terrestres, et un postulat peu convainquant expliquant la raison de leurs actes (toutes les femmes de leur planète sont mortes à la suite d’un virus), I MARRIED A MONSTER FROM OUTER SPACE évite en grande partie les clichés inhérents aux œuvres cinématographiques de l’après-guerre, communément appelées psychotroniques, qui regroupaient souvent les films d’horreur ou de SF à petit budget. Mais assurément, le film de Gene Fowley Jr n’est pas à classer au sein des séries Z. Non, c’est au contraire une très bonne série B, dotée qui plus est d’un bon casting. Au sein de celui-ci, Tom Tryon, dans le rôle de Bill, n’est pas très connu, mais il joua dans un polar de bonne facture avec Diana Dors, LA FEMME ET LE RODEUR. Gloria Talbott, qui incarne Marge, fit des apparitions remarquées dans deux films fantastiques en 1957 : LA FILLE DU DR JEKYLL (d’Edgar G. Ulmer), et THE CYCLOPS (de Bert I. Gordon). Notons enfin les interprétations de Peter Baldwin, inoubliable dans le classique du cinéma gothique LE SPECTRE DU DR HICHCOCK, et de Ty Hardin qui, tout comme Peter Baldwin, fit une partie de sa carrière en Italie. Mario Gariazzo en fera notamment sa vedette dans deux westerns spaghettis, tous deux réalisés en 1971 : LE JOUR DU JUGEMENT DERNIER et ACQUASANTA JOE.
En mettant en avant la mode du teenager dans le cinéma fantastique américain, Gene Fowler Jr a laissé une empreinte indélébile dans ce genre de productions qui privilégiaient jusque là des héros plus matures. La jeunesse va tout de suite adhérer à ce genre de films, si bien que très vite Fowley fera des émules. Ainsi, juste après I WAS A TEENAGE WEREWOLF verra-t-on un I WAS A TEENAGE FRANKENSTEIN signé Herbert L. Strock, puis un TEENAGE MONSTER en 1958 (par Jacques R. Marquette). Même Roger Corman sera de la partie avec son TEENAGE CAVEMAN. Malgré une brève incursion dans le cinéma fantastique, Gene Fowley Jr est parvenu à créer un style, et apporter un savoir faire indéniable. I MARRIED A MONSTER FROM OUTER SPACE n’est pas à classer seulement au rang des films de drive-in, c’est aussi une œuvre réalisée avec beaucoup de professionnalisme, et c’est peut-être la raison pourquoi le film a bien vieilli avec le temps.

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