retrospective

Impact

Un homme d’affaires est victime d’une machination orchestrée par sa femme et son amant. Alors qu’il échappe à ce complot, il se fait passer pour mort pendant que son épouse est suspectée de son assassinat.

Cinéaste américain qui a commencé en tant qu’acteur avant de devenir metteur en scène, Arthur Lubin est un réalisateur talentueux dont la filmographie impressionnante brasse tous les genres. Parmi ses titres de gloire, nous remarquons une des versions du FANTOME DE L’OPERA (PHANTOM OF THE OPERA), en 1942 avec Claude Rains, produite par les studios Universal, à l’époque du DRACULA avec Bela Lugosi et du FRANKENSTEIN avec Boris Karloff. IMPACT est l’occasion pour lui d’explorer le polar noir, avec cette histoire d’un riche industriel porté disparu. L’absence de ce dernier conduit la police à élaborer toutes sortes d’hypothèses. En tête d’affiche, nous trouvons Brian Donlevy, un acteur qui a été dirigé par Fritz Lang, Jacques Tourneur et même Howard Hawks, excusez du peu. Il est également connu des fantasticophiles pour avoir incarné par deux fois le docteur Quatermass dans LE MONSTRE (THE QUATERMASS XPERIMENT) en 1955 et LA MARQUE (QUATERMASS 2) en 1957, produits par la Hammer.
Dans IMPACT, le personnage de Donlevy, l’homme d’affaires porté disparu, est le personnage pivot d’un récit polyphonique. En effet, d’un côté nous voyons cet homme, devenu anonyme (et surtout amnésique), s’intégrer dans une famille à la campagne, de l’autre côté, en ville, nous assistons à l’exécution du plan de son épouse, qui s’efforce de jouer le deuil, ainsi qu’à l’enquête de la police visant à élucider les circonstances de la disparition. De prime abord, de tels fils conducteurs auraient pu semer la confusion dans l’esprit du spectateur puisque la relation entre plusieurs scènes nous est révélée tardivement dans le métrage : en quoi tel ou tel détail, a priori anodin, peut-il se révéler suspect aux yeux de l’enquêteur ?
A cet égard, il faut reconnaître le savoir-faire de Lubin, qui réussit à clarifier le récit et à garder une dynamique rendant chaque scène divertissante. De sorte que, si certains aspects du long-métrage ne sont guère passionnants, tels que la partie à la campagne très naïve (une famille accueille chaleureusement et sans réserve notre amnésique, et l’une des filles tombe même amoureuse de lui), d’autres, en revanche, sont très prenants, comme les investigations des inspecteurs.
De plus, si la polyphonie du récit permet l’élaboration d’une galerie de personnages importante, on constate surtout que le long-métrage, en tout bon polar noir qui se respecte, réussit à construire des protagonistes loin d’être manichéens. En effet, nous avons d’un côté, la veuve, aux allures angéliques, dont les actes révèlent une âme sombre, et de l’autre, l’homme d’affaire, qui n’attire aucune sympathie malgré son statut de victime et doit se faire prier pour aller innocenter sa femme (qui, pour le coup, se retrouve accusée à tort de meurtre). Nous pouvons même rajouter les inspecteurs, qui semblent persécuter chaque suspect sans motif valable.
En somme, si l’on peut déplorer plusieurs baisses de régimes (la partie du récit à la campagne, notamment), l’intrigue s’avère suffisamment palpitante pour maintenir en haleine tout du long. Un bon petit thriller.

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