Inseminoïd

Un texte signé Nassim Ben Allal

Grande-Bretagne - 1981 - Norman J.Warren
Interprètes : Robin Clarke, Jennifer Ashley, Stephanie Beacham, Steven Grives

INSEMINOID est produit par Run Run Shaw, co-fondateur du mythique studio de Hong-Kong, Shaw Brothers, dont c’est la seconde incursion dans la SF après METEOR de Ronald Neame. Réalisé par un Norman J. Warren alors en pleine forme puisqu’il vient de signer ses meilleurs films (dont PREY, plus connu chez nous sous le titre LE ZOMBIE VENU D’AILLEURS), le film s’annonce comme une variation sur le thème de l’ALIEN de Ridley Scott.
Alors qu’elle travaille sur une planète glaciaire en compagnie de ses collègues, Sandy, une jeune spacio-archéologue, est attaquée par un extra-terrestre belliqueux qui va lui inséminer sa terrible semence. Pour la jeune femme et plus encore pour les membres de l’expédition, le cauchemar ne fait que commencer.
Film culte de par le monde et surtout en France où il est enfin visible dans de bonnes conditions, INSEMINOID fait-il parti de ces films à la réputation surfaite où est-il vraiment un monument de la série B ?
Fêtant cette année son vingt-cinquième anniversaire, le film a vieilli, mais dans le bon sens du terme et le revoir aujourd’hui procure un plaisir proustien non négligeable, rappelant aux spectateurs la bonne vieille époque de l’horreur eighties.
Les décors sont kitsch, la musique au synthétiseur renvoie à une version cheap des scores de Carpenter et les comédiens ne sont pas tous des premiers prix de conservatoire.
Et pourtant, l’ensemble prend rapidement une tournure assez réjouissante, grâce notamment au savoir-faire du réalisateur qui, s’il n’est pas vraiment aidé par un scénario aux ficelles très voyantes, sait tirer parti des passages imposés en signant quelques séquences gentiment gore et joliment effrayantes.
Ainsi, la célèbre scène de l’insémination est à la fois très clinique et en même temps empreinte d’un delirium psychédélique mêlant réalité, rêve et cauchemar dans un maelström onirique d’une grande puissance angoissante.
Et si cette séquence est la seule qui soit emplie d’une telle folie, le soin apporté au cadre et à la lumière pose la caméra comme un observateur froid et implacable du déchaînement d’horreurs qui va endeuiller cette équipe dans la suite du film.
Parsemé de meurtres sanglants orchestrés avec une précision de chirurgien, le reste du métrage ne dévie pas un seul instant de son ton on ne peut plus sérieux.
Véritable survival dans l’espace, INSEMINOID rempli de ce côté-là le minimum que l’on peut en attendre : gore et suspens ne font plus qu’un jusqu’au bout.
Mais cela suffit-il pour autant ?
L’esthétique générale du film souffre tout de même de la patine du temps, ainsi que le rythme global du métrage qui tend parfois à s’essouffler. Certains effets comme les bagarres au ralenti ressemblent à s’y méprendre à celles de L’HOMME QUI VALAIT TROIS MILLIARDS et les mimiques des acteurs font irrémédiablement penser à certains films des années cinquante. Années cinquante dont il est toujours question au vu des maquillages spéciaux, qui eux aussi, viennent d’un autre temps. Le rendu caoutchouteux des monstres provoque de nos jours plus l’hilarité que l’effroi même si le plan final, risible au premier abord, à de quoi faire grincer.
Ainsi, INSEMINOID est une sorte de bon souvenir qu’il vaut mieux revoir avec une certaine distance pour profiter pleinement de son cachet à l’ancienne. Daté mais toujours aussi respectueux du public qu’à sa sortie, le film de Norman J. Warren est à conseiller à tous, aux fans qui ont connu les années quatre-vingt, comme aux autres qui ne jurent que par le numérique.
Au final, même s’il n’est pas incontournable, INSEMINOID est un bon exemple de série B de l’époque.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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