Invasion Planète X

Un texte signé frédéric Pizzoferrato

Japon - 1965 - Ishiro Honda
Titres alternatifs : Invasion of the Astro Monsters / Godzilla Vs Monster Zero
Interprètes : Nick Adams, Akira Takarad, Jun Tazaki, Akira Kubo

Ce sixième épisode de la saga Godzilla témoigne de la volonté des cinéastes de surenchérir sur les précédents et de glisser peu à peu vers le spectacle familial. Même si nous ne sommes pas encore tombé dans les délires du FILS DE GODZILLA ou de GODZILLA 80, ce métrage n’a déjà plus grand-chose à voir avec le Grand Monstre des débuts, incarnation de la peur nucléaire et du Japon meurtri par Hiroshima.
Ici, la grosse bestiole n’a finalement qu’un rôle accessoire et doit partager l’écran avec Rodan et King Ghidorah. Le premier avait eu droit à la vedette dans le film homonyme de 1956, le second avait déjà affronté Godzilla, Mothra et Rodan dans GHIDRAH THE THREE HEADED MONSTER en 1964.
Les scénaristes reprennent donc l’équation de ce dernier en lançant les monstres dans une grande bataille planétaire à laquelle ils ajoutent des extra-terrestres venus de la mystérieuse Planète X cachée derrière Jupiter (et jusqu’ici inconnue parce qu’elle est très noire, donc la nuit ben on ne la voit pas – sic!).
Les aliens en question ressemblent à des Japonais, portent des lunettes de soleil, des combinaisons moulantes et des petites antennes. Ils proposent à l’humanité un remède contre le cancer en échange de Godzilla et Rodan, qu’ils veulent “emprunter” pour combattre King Ghidorah, lequel ravage leur planète et les oblige à vivre dans des cavernes. Il ne sera d’ailleurs jamais expliqué comment notre méchant dragon à trois têtes s’est retrouvé sur cette planète X à des millions de kilomètres de la Terre…mais passons! Bien sûr quiconque a déjà vu un film de science-fiction des années 50 ou 60 sait que c’est une ruse: les habitants de la planète X manquent d’eau et leur but est de nous conquérir en nous renvoyant les trois monstres…
Comme la plupart des Godzilla de cette époque, INVASION PLANETE X souffre d’un rythme plutôt lent, surtout si on le compare aux pourtant souvent décriés épisodes des années 90, après la résurrection du monstre dans LE RETOUR DE GODZILLA.
Mais ce métrage compense la plupart de ses faiblesses par une outrance pop des plus distrayantes. Tous les clichés surannés de la science-fiction répondent présents mais, au lieu d’ennuyer le spectateur, lui offre une bonne dose de charme nostalgique, à condition bien sûr qu’il accepte de jouer le jeu. Les costumes, équipements, vaisseaux spatiaux et autres gadgets high-tech (pour l’époque) semblent aujourd’hui totalement anachroniques et, associés à des couleurs “flashy” et une musique très datée, confère à INVASION PLANETE X un fort potentiel de divertissement.
Pour leur part, les effets spéciaux sont bien sûr très naïfs: des figurants en costumes écrasent des maquettes assez grossières dans une orgie d’éclairs et de lasers incrustés sur la pellicule. La plupart des plans impliquant ces effets sont d’ailleurs tellement “kitsch” qu’il est permis de se demander si les cinéastes n’en étaient pas conscients, peu d’efforts étant consacrés pour leur donner le moindre réalisme. En dépit des explosions et autres combats de catch ou de boxe (admirons le jeu de jambe du champion en titre), le grand moment d’INVASION PLANETE X reste la danse joyeuse accomplie par un Godzilla tout heureux d’avoir défait son adversaire tricéphale.
Dommage que cette partie consacrée aux monstres géants n’ait droit qu’à la portion congrue, contrairement à tout le décorum science fictionnel et l’aspect romantique, un peu envahissant. Excepté de brèves séquences il faut en effet patienter près de 70 minutes avant de voir Godzilla et ses compagnons se lancer dans les destructions massives attendues par les fans. Ces passages sont assez efficaces mais accentuent également les longueurs et la pauvreté des deux premiers tiers du métrage, encombrés de dialogues inutiles et de scènes poussives.
Au niveau des acteurs il ne faut pas attendre de miracles mais Nick Adams accomplit un honnête travail dans le rôle d’un astronaute sauveur du monde. A cette époque la Toho aimait s’adjoindre les services d’un interprète américain pour agrandir son marché potentiel et Nick Adams, un ancien des feuilletons télé, y a tourné quelques films avant son décès prématuré (une overdose – apparemment – accidentelle à 36 ans).
En définitive, INVASION PLANETE X n’est sûrement pas le meilleur “kaiju-eiga” de la Toho mais il saura offrir un divertissement acceptable aux inconditionnels du genre.


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- Article rédigé par : frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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