Island Of The Living Dead

Un texte signé Yannik Vanesse

Italie - 2008 - Bruno Mattei
Titres alternatifs : L'isola dei morti viventi
Interprètes : Yvette Yzon, Alvin Anson, Gaetano Russo

Le navire d’une bande de chasseurs de trésors subit une avarie alors qu’il lutte contre une tempête d’une rare violence où se mêlent d’étranges volutes brumeuses, apparaissant et disparaissant des radars, et des pluies battantes. L’accalmie leur fait découvrir qu’ils sont proche d’une île qui n’est présente sur aucune carte. Alors que le mécanicien s’occupe des dommages du moteur, le reste de l’équipage descend à terre sans savoir que l’île est infestée de dangereux zombis !

Si le générique prétend que ce film a été réalisé par Vincent Dawn, l’homme qui se cache derrière ce pseudo est en fait Bruno Mattei. Ce dernier est presque une légende dans le cinéma d’exploitation, tant il l’a marqué de son emprunte. Il a connu l’âge d’or du cinéma bis italien, au moment où étaient copiés les succès du reste du monde. Des films comme LA MORT AU LARGE, L’ENFER DES ZOMBIS et bien d’autres furent ainsi mis en chantier, en réponse au cinéma hollywoodien. Bruno Mattei fit plus que sa part de films de ce genre. Mais, contrairement à ses collègues qui finirent par se recycler, à oeuvrer dans d’autres genres cinématographiques, lui continua jusqu’à sa mort (en 2007) à faire des films de zombis ou de prisons de femmes, essayant de copier, avec son talent si particulier, des métrages existants. LA TOMBE est ainsi sa propre version de LA MOMIE, ZOMBIE THE BEGINNING se base sur ALIENS, LE RETOUR. Il est aussi possible de citer CANNIBAL WORLD, sa vision de CANNIBAL HOLOCAUST, ou encore sa propre version de PREDATOR avec des zombis, nommée CANNIBAL OF DEATH. Mais si certaines sociétés de production sont revenues à ce genre de méthodes, s’inspirant de succès publics, auxquels ils rajoutent des effets digitaux des plus aléatoires pour attirer le spectateur (MEGA PIRANHA en est un exemple frappant), le réalisateur italien, lui, a cette sincérité, cet amour du cinéma, qui le rend attachant. Chez lui, il n’y a nulle place pour les effets digitaux, et si ses maquillages sont souvent sommaires, ils sont généreux dans le gore et le dégoutant.

L’ILE DES MORTS-VIVANTS est le dernier film de l’auteur, son épitaphe. Sera-t-il apte à marquer les esprits, à être un au revoir digne de Bruno Mattei ? Le point de départ du métrage est, comme de juste, un film célèbre, en l’occurrence, L’ENFER DES ZOMBIS de Lucio Fulci. Bien évidemment, L’ILE DES MORTS-VIVANTS n’est pas de taille à rivaliser avec ce grand classique, même en reproduisant, presque à l’identique, une des scènes les plus célèbres de son modèle, l’œil enfoncé dans une grande écharde de bois (sauf que dans la version 2008, le personnage est sauvé juste à temps).
Quiconque découvre un film de Mattei pour la première fois ne peut qu’être happé par ce qu’il voit, dès les premières minutes, et le résultat peut être soit un rejet instantané, soit une étrange fascination pour ce qui s’offre au spectateur. En effet, dans le film qui nous intéresse, le début nous montre, prélude à l’arrivée des héros, des conquistadors peu crédibles luttant contre des indigènes philippins prestement transformés en zombis. Inutile de se voiler la face, si le métrage est très gore, les maquillages sont plutôt moyens, pour employer un euphémisme, et les acteurs tous affreusement mauvais. Les figurants semblent se retenir de sourire à chaque scène, et les acteurs principaux cabotinent comme des fous, guère aidés, il est vrai, par leur dialogue ou même les personnages qu’ils incarnent. Comment jouer de manière sérieuse un personnage surnommé Snoopy à cause du t-shirt qu’il arbore en toute circonstance ? Sans même parler de celui qui se retrouve à essayer de se défaire des conquistadors zombis à grands renforts d’art martiaux, alors qu’il semble n’en avoir que des notions très vagues.
Le scénario, ne voulant pas se restreindre à la seule invasion zombiesque, rajoute une malédiction, des fantômes, une secte de faucheurs d’outre-tombe et d’autres choses du même acabit, pour un résultat qui pourrait être dur à suivre pour un spectateur essayant de raccorder tous les morceaux ensemble. Il est plus vraisemblable que les scènes aient parfois été rajoutées bout à bout parce qu’elles semblaient sympathiques, sans vraiment chercher à être raccord. Le résultat final est donc passionnant pour quiconque aime ce genre de cinéma. Car s’il est impossible de prétendre avoir affaire à un bon film, L’ILE DES MORTS-VIVANTS fera passer un moment inoubliable et magnifique pour tout amateur de bisserie « autre ».


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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