It’s a wonderful afterlife

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Grande Bretagne - 2010 - Gurinder Chadha
Interprètes : Goldy Notay, Sendhil Ramamurthy, Sally Hawkins, Shabana Azmi

Cinéaste née au Kenya ayant grandi en Angleterre, Gurinder Chadha débute sa carrière en 1990 mais n’atteint la célébrité qu’en 2002 avec la sortie de la comédie JOUE LA COMME BECKHAM, qu’elle enchaîne avec l’amusant COUP DE FOUDRE A BOLLYWOOD, un segment de l’anthologie PARIS JE T’AIME et la romance adolescente LE JOURNAL INTIME DE GEORGIA NICHOLSON en 2008.
Son nouveau long métrage, IT’s A WONDERFUL AFTERLIFE s’inscrit dans la lignée de ses œuvres précédentes, à savoir une comédie romantique tonique reprenant quelques éléments typiques de la culture indienne, mais y ajoute, cette fois, un argument fantastique.

Little India, le quartier indien au cœur de Londres, semble frapper par une terrible malédiction et on dénombre déjà plusieurs assassinats inexplicables commis à l’aide d’une brochette à kebab, de pain ou de curry épicé. Pour tenter de résoudre l’affaire, la police dépêche dans le quartier le détective Murthy, dont les origines indiennes doivent lui permettre d’obtenir plus facilement des renseignements. Au cours de l’enquête, le jeune et séduisant policier rencontre son amie de jeunesse, Roopi Sethi, laquelle désespère sa mère qui ne parvient pas à la « caser ». Madame Sethi, en effet, souhaite quitter ce monde en paix après avoir confié sa fille à un homme attentionné et il apparaît bientôt qu’elle est responsable des crimes récemment commis, les victimes ayant repoussé la jeune femme qu’elles jugeaient trop grosse. Cependant, Madame Sethi se voit confronté à un problème : la présence, à ses côtés, des spectres des défunts, lesquels ne peuvent se réincarner avant son propre décès et se voient coincés entre le monde des vivants et celui des morts. Les fantômes parviennent finalement à convaincre Madame Sethi de se suicider mais celle-ci affirme qu’elle doit, pour cela, attendre d’avoir marié Roopi. Une tâche que les spectres jugent insurmontables mais, heureusement, Murthi finit par tomber amoureux de la jeune femme au cours de ses investigations…le problème est que Roopi, qui connaissait chaque personne assassinées, devient la principale suspecte…

Divertissant et sans prétention, IT’s A WONDERFUL AFTERLIFE rend l’univers « bollywoodien » accessible à un large public en lui ôtant ses caractéristiques les plus rédhibitoires comme la durée excessive et les intermèdes musicaux. Très abordable, la comédie de Gurinder Chadha mélange par conséquent des caractéristiques indiennes assumées, mais placées en retrait, à un humour vivifiant et souvent noir, dans une tradition typiquement anglaise. Décrivant avec beaucoup de tendresse un personnage de jeune femme partagée entre les traditions et la modernité, souffrant de son surpoids (sans extrapoler il est aisé d’y voir les évidents aspects autobiographiques proposés par Gurinder Chadha), le métrage joue, bien sûr, la carte de la romance contrariée même si chacun devine aisément où le scénario veut conduire le spectateur. En dépit de cette prédictibilité, IT’s A WONDERFUL AFTERLIFE reste plaisant et amusant, jouant habilement des quiproquos et autres complications engendrés par la présence des fantômes enfarinés entourant la mère de l’héroïne. Si les gags ne sont pas de première fraicheur, le cinéma ayant largement abusé de ce genre de situation depuis TOPPER, la plupart donnent, au moins, le sourire à un spectateur conciliant. De leur côté, les interprètes sont talentueux et les personnages adroitement – quoique parfois sommairement – caractérisés, avec une sympathie et une bonne humeur réjouissante qui affranchissent le film de tout réalisme pour privilégier un conte familial où rien n’est grave, pas même la mort.
Aux côtés du couple vedette composé de Goldy Notay et Sendhil Ramamurthy, Sally Hawkins, dans un rôle secondaire de voyante loufoque, emporte le morceau lors d’une parodie désopilante de CARRIE. Même si la scène semble à côté de la plaque (la jeune médium se voit soudain dotée de pouvoirs télékinésiques lui permettant de semer le trouble lors de son mariage), elle n’en reste pas moins mémorable et très drôle.
En dépit de ses faiblesses et d’un rythme parfois languissant, IT’s A WONDERFUL AFTERLIFE remplit agréablement son contrat et constitue une amusante comédie romantique bien plus rafraichissante que la majorité des productions similaires issues d’Hollywood. A découvrir avec le sourire.

Retrouvez nos chroniques du BIFFF 2011.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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