Izo

Un texte signé Michaël Guarné

Japon - 2004 - Takashi Miike
Interprètes : Daisaku Akino, Chisato Amate, Takeshi Kitano, Susumu Terajima

Ah, les films de Miike… Certains crient au génie, d’autres les fuient. Personnellement, je trouve qu’il y a de tout dans son œuvre. Le splendide côtoie le mauvais. Malheureusement pour nous, IZO restera plutôt dans les armoires que dans les mémoires…
On pose donc son cerveau de côté, et on essaie de se laisser bercer par cet univers complètement irrationnel. Mais même sans activité cérébrale, qu’est-ce qu’on s’ennuie ! Miike pousse vraiment ses délires esthétique et scénaristique jusqu’au bout. De nombreux anachronismes parsèment ce métrage ultra barré. Ainsi, on n’est plus surpris de voir dans un même plan un guitariste dans une forêt du Japon médiéval fredonnant un air tandis qu’un samouraï, le bien nommé Izo, passe par-là… Idem quand ce dernier affronte deux bretteurs sur un pont, dans un Japon contemporain ce coup-ci, et qu’un poids lourd s’écarte pour ne pas les écraser… Surtout, ne pas se poser de questions, ne pas chercher d’explications péteuses pseudo rationnelles (genre Télérama qui va vous expliquer comment Lynch fonctionne…). Non, loin de tout ça, il faudra prendre IZO comme il vient et ne pas argumenter sur le pourquoi du comment.
Au tout début du film, Izo est crucifié. Ensuite, c’est parti pour deux heures de folie. On peut supposer que ce personnage sanglant (il tue tous ceux qui lui barrent la route) voyage à travers l’espace et le temps. On le surprend ainsi à assassiner et batifoler à différentes époques sans jamais vraiment en saisir la raison. Le spectateur est livré à un pur exercice de style en roue libre de la part du réalisateur nippon. Les scènes s’enchaînent mais il est bien difficile de voir un fil conducteur à l’action. Il est clair que certains éléments se renvoient les uns aux autres (comme les images d’archives de la seconde guerre mondiale appuyant le départ d’Izo pour le conflit). Mais globalement, le symbolisme ultra présent pourra dérouter voire ennuyer le spectateur. La photographie et la musique séduisent malgré tout. Comme pour MPD PSCHO, cette dernière s’avère assez décalée mais rend plutôt bien au final. Au programme donc : de la guitare acoustique sur fond de geignements (si si, je vous assure).
Bref, Takashi Miike n’a pas loupé son film. C’est juste un peu difficile de s’y attacher. IZO enchaîne bizarrerie sur bizarrerie et n’en finira pas de faire jaser. Pour les non initiés au réalisateur, on conseillera plutôt FUDOH, ICHI THE KILLER ou encore DEAD OR ALIVE. Ces films sont bien plus accessibles et captivants que l’œuvre présentée ici.


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- Article rédigé par : Michaël Guarné

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