Jade Warrior

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Finlande, Chine, Estonie, Pays-Bas - 2006 - Antti Jusi Annila
Titres alternatifs : Jadesoturi
Interprètes : Tommi Erronen, Markky Peltola, Jingchu Zhang, Hao Dang

Le forgeron Kai se remet d’une rupture avec sa copine et rencontre un mystérieux personnage détenteur d’un artefact magique. Il se retrouve alors ballotté entre les existences et plonge dans des temps anciens et héroïques où il devra affronter un redoutable et démoniaque ennemi. En effet, en l’an 2000 avant Jésus-Christ, Sintai, lui aussi fils d’un forgeron, détenait le pouvoir de combattre un terrible démon. Sintai doit laisser le démon vivre afin d’avoir une chance de mener son existence auprès de la jeune Chinoise Pin Yu…Va-t-il accomplir son devoir ou choisir l’amour ? Cette question se posera dans ses existences successives.
Coproduction improbable entre la Finlande, la Chine, l’Estonie et les Pays-Bas, JADE WARRIOR s’inspire à la fois des mythes nordiques du Kalevala et des Wu Xia Pian asiatiques pour aboutir à une œuvre plutôt boiteuse également influencée par la fantasy mythologique. Attendu par les fans du genre, JADE WARRIOR se révèle, malheureusement, une sévère déception.
Tourné avec un budget important pour une production finlandaise (mais très restreint par rapport aux superproductions américaines ou même chinoises), JADE WARRIOR souffre surtout d’un manque d’ampleur caractérisé et peine à se montrer épique. Les personnes espérant une grande œuvre de fantasy aux nombreux combats seront donc forcément déçus.
Si les premières minutes sont prometteuses, l’ensemble s’enlise rapidement dans une intrigue verbeuse et un brin confuse où l’aspect romantique prédomine au détriment de l’action et du rythme. Les combats martiaux sont donc peu nombreux et de toute manière peu inspirés, recyclant les clichés en vigueur depuis le succès de TIGRE ET DRAGON ou HERO. Le tout ressemble davantage à des démonstrations utilisant câbles et effets variés pour se montrer “joli” mais peine à convaincre l’amateur de kung-fu.
En dépit de costumes réussis et de décors naturels encore rarement – voire jamais – vus sur un écran, la sauce ne prend pas. Certes, l’aspect technique du métrage est de qualité, en particulier la photographie travaillée, mais la mise en scène manque d’ampleur et les dialogues paraissent soit trop simples, soit trop littéraires, voire même parfois complètement ridicules. L’acteur principal, Tommy Erronen, n’est pas non plus particulièrement convaincant et son physique n’est pas non plus très adapté, d’autant qu’il semble traverser le film avec une expression un peu ahurie. L’intrigue en elle-même paraît difficile à comprendre, jouant sur les flashbacks et les sauts temporels de manière irritante, comme si le metteur en scène cherchait à compliquer à plaisir une trame simple pour gagner ses galons d’auteur. Dommage car les prémisses de cette histoire intemporelle paraissaient aptes à fédérer un large public, en dépit de situations aujourd’hui déjà vues dans de nombreuses productions hongkongaises basées sur la réincarnation et l’amour éternel.
Bref, rien d’emballant dans un genre (le Wu Xia Pian fantastique) redécouvert récemment par la critique “sérieuse” et déjà encombré de produits ennuyeux et sans âme.
Présenté au Festival du Film Fantastique de Bruxelles, le film y a d’ailleurs reçu un accueil partagé entre ennui complet et quolibets.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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