Jeunes Mariés

Un texte signé Nassim Ben Allal

Pour son troisième film en tant que réalisateur, le jeune comédien, producteur et scénariste canadien Chaz Thorne opte pour un condensé d’humour noir influencé par le cultissime et hilarant THE COMEDY OF TERRORS de Jacques Tourneur (écrit, pour rappel, par Richard Matheson et interprété par Vincent Price, Peter Lorre, Boris Karloff et Basil Rathbone).
Convoquant un irrésistible duo de jeunes comédiens, le lunaire Jay Baruchel (à pleurer de rire dans TONERRE SOUS LES TROPIQUES) et la jolie Rose Byrne (qui portait l’uniforme dans 28 SEMAINES PLUS TARD), entouré par les vétérans Graham Greene et Nigel Bennett, JEUNE MARIES part sous les meilleurs auspices.
Jeune, timide, un peu paumé et saignant du nez à la moindre émotion forte, Oliver hérite d’un père qu’il a très peu connu un joli salon funéraire au bord de la faillite. Il y fait la connaissance des deux seuls employés des lieux, l’homme à tout faire Henry et la craquante croque-mort et préparatrice de cadavres, Roberta. D’abord décidé à fermer le salon, Oliver va se retrouver à l’origine d’une suite de décès qui vont bien arranger ses affaires. Est-il vraiment innocent ou l’influence de la jolie Roberta y est-elle pour quelque chose ?
Bien que canadien, ce long-métrage fait irrésistiblement penser aux comédies noires à l’anglaise : le ton, la photographie, la construction dramatique, les personnages (jamais là où on les attends et tous porteurs de petits secrets aussi jouissifs que dans un bon vieil épisode de TWIN PEAKS, autre référence décalée du film) et une campagne déprimante où le seules issues semblent être l’alcoolisme ou la mort, tout converge vers le meilleur du cinéma de genre drôle du Royaume-Uni. Gags de situation et humour émanant des personnages ne sont jamais gratuits et apportent une progression de l’histoire jusqu’au retournement final savamment préparé et totalement honnête avec le spectateur : ici, pas d’esbroufe, le twist est amené de manière franche, au spectateur de le repérer ou pas. Et en attendant cette excellente surprise, l’histoire est ponctuée de morts aussi inattendues que décalées et franchement hilarantes tout en prenant un malin plaisir à nous emmener au dernier endroit attendu. JEUNES MARIES n’est pas une comédie d’horreur à proprement parler mais un rafraîchissant cocktail d’humour noir et d’envolées gore aussi brèves qu’efficaces et maîtrisées venant pimenter le film (la chute de l’ancien animateur de programmes pour enfants). Si le ton pince-sans-rire peut parfois désarçonner, le métrage pâti en revanche d’une baisse de rythme significative au bout d’une heure et risque à ce moment là de détourner de l’écran les aficionados de sang et d’éclats de rires. En effet, avant de repartir pour dix minutes de pure folie, JEUNES MARIES patine et tourne en rond, semble se chercher avant de retrouver la fougue des débuts. C’est bien dommage mais il faut être patient. Après tout, la lenteur du film nous y a préparés depuis le début et il serait dommage de bouder son plaisir à cause d’une petite faiblesse d’écriture.