Johnny Metal et le Dé de Jade

Un texte signé Patryck Ficini

France - 1947 - Malet Léo (sous le pseudonyme de Frank Harding)

Connu du grand public pour ses Nestor Burma, Léo Malet, au-delà de sa très violente et désespérée Trilogie Noire, fut aussi l’auteur des aventures de Johnny Metal, reporter de choc dans une Amérique en carton-pâte tout droit sortie du film et du roman noir d’outre-Atlantique, un solide humour et une gouaille bien française en plus (il ya du Burma chez Metal).
Sorti en 1947 chez Georges Ventillard (qui publia aussi le très déjanté Edward Brooker), JOHNNY METAL ET LE DE DE JADE est la quatrième aventure de l’intrépide journaliste-détective qui aurait aisément pu être interprêté par Eddie Constantine au cinéma quelques années plus tard, à l’heure de gloire du plus Français des Américains.
C’est dire si cette enquête qui nous plonge en plein Chinatown respire la bonne humeur et la bagarre bien arrosée.
Cigarettes, whisky et petites pépées…
Chinatown ? Oui, en effet, LE DE DE JADE explore un classique du genre, le Péril Jaune, avec ici une secte de méchants Chinois (évidemment) trafiquants de drogue et surtout d’opium. Encore que leur chef aura de quoi surprendre…
L’enquête progresse bien, à coups de répliques spirituelles made in Johnny Metal. Les clichés en partie issus de l’oeuvre de Sax Rohmer abondent (Fu Manchu not dead !) mêlés cependant à un style qui peut faire songer au Peter Cheyney tel qu’il fut traduit en Série Noire. Ou aux premiers Frédéric Dard, loué soit son nom !
Metal est un personnage charmant, drôle et têtu. Quand il tient une affaire il ne la lâche pas. Surtout pour les beaux yeux d’une jolie ingénue (?)…
Les cadavres s’enchaînent à un rythme soutenu, plus sûr moyen de retenir toute l’attention du lecteur.
(Le slasher n’a rien inventé).
Pour le mystère, il y a ces fameux dés (à coudre) de jade retrouvés auprès des corps… Qui, pourquoi, comment ?
Léo Malet, dissimulé sous le nom de Frank Harding, se permet même une longue fausse piste (un chapitre !) branchée bagarres gratuites sans que cela vienne en rien gêner un lecteur qui s’en amuse presque au contraire. Ce qui pourrait passer pour une faute de goût chez certains devient une qualité ici.
Si l’on précise que ledit chapitre nous entraîne dans une fumerie d’opium quasi victorienne, on peut percevoir le plaisir référentiel (Morane, plus tard certes, Holmes, Fu Manchu, R.E Howard !) qui nous saisit à cette saine et palpitante lecture.
Laissons les grincheux penser que tout cela ne vole pas très haut. Qu’il s’agit d’un Malet mineur, notamment comparé à sa Trilogie Noire (lire et relire LA VIE EST DEGUEULASSE il faut !) C’est vrai mais quelle importance ?
En ces temps désormais lointains, on lisait les (bons) romans policiers à toute allure. Ils étaient courts, speed et faisaient immancablement passer 2-3 heures de bon temps.
Que demander de plus ?


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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