Joint Security Area

Un texte signé André Quintaine

Corée du Sud - 2000 - Park Chan-Wook
Interprètes : Song Kang-Ho, Lee Young-Ae, Lee Byung-Heon, Kim Tae-Woo, Shin Ha-Gyun

Avant la vision de JOINT SECURITY AREA, je me préparais à voir un blockbuster d’action du style de SHIRI. Finalement, JOINT SECURITY AREA ne s’avère explosif que deux minutes, lors des toutes dernières scènes en plus.
JSA n’est donc pas un film d’action, mais plutôt un drame poignant, émouvant. Le cœur du sujet est la séparation du pays en deux avec la Corée communiste au nord et la Corée capitaliste au Sud. Le film se déroule à un check-point gardé par des soldats veillant à ce que les troupes adverses ne débordent pas de leur territoire. Une nuit, un massacre a lieu dans une caserne du nord. Des soldats du nord et du sud sont impliqués et une enquête suit. JSA se déroule alors sous la forme de flash-backs et se focalise sur deux soldats du nord et deux du sud. Des soldats qui se retrouvaient la nuit pendant leur service et fraternisèrent.
JSA est d’une richesse incroyable et ce, pour diverses raisons. Tout d’abord, il est excessivement explicite. Il est très facile de suivre la trame du film même si l’on n’est pas familiarisé avec l’histoire de la Corée. La présence de soldats occidentaux permet au réalisateur de nous faire un petit cours historique. Ensuite, JSA est très intéressant lorsqu’il dépeint des événements qui surgissent entre les soldats. De nombreuses scènes montrent les soldats patrouiller au plus près de la frontière et il est amusant de les voir se rendre compte qu’ils ont empiété sur le territoire ennemi. Ces scènes détonnent avec celles qui se déroulent au check-point où une ligne tracée sur le sol délimite la zone qu’il ne faut pas franchir, même si le vent fait s’envoler votre casquette et la fait tomber du mauvais côté. On a vraiment l’impression que cette surveillance paranoïaque de chaque territoire est complètement inutile et risible.
Tout le reste du film repose sur la futilité de cette séparation. Les quatre soldats ennemis qui finissent par retrouver leur fraternité n’ont de différent que leur uniforme. Ils parlent la même langue, rient des mêmes choses, jouent aux mêmes jeux, s’intéressent aux mêmes problèmes. On trouve ici également l’une des autres grandes qualité du film qui jamais ne prend parti pour un camp ou un autre. JSA ne fait à aucun moment de la propagande pour le sud. En revanche, les Américains sont très souvent égratignés par les remarques des soldats du nord (on remarquera que leur propos ne sont jamais repris par les soldats du sud).
JSA bénéficie également d’une interprétation exceptionnelle qui fait bénéficier le film d’une résonance profondément humaine. La dernière image, magnifique, pourrait se résumer à une formule du style « l’Histoire se fait sans les hommes ».
Les films historiques sont courants, mais rares sont ceux qui sonnent justes. Grâce à son approche non-manichéenne du sujet, ses personnages émouvants, l’intelligence de son propos, JSA fait partie de ces films qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte si l’on ne veut pas mourir idiot.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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