Journal Erotique D’Une Infirmière

Un texte signé Jérôme Pottier

Japon - 1976 - Chûsei Sone
Titres alternatifs : Watashi No Sex-Hakusho
Interprètes : Nobutaka Masutomi, Maria Mitsui, Meika Seri, Yôko Azusa, Schoichi Kuwayama, Asuka Seri…

Le terme de roman porno est une trouvaille marketing de la société de production Nikkatsu, tout près de la faillite à la fin des sixties, c’est sous cette appellation qu’elle désigne les nombreux films érotiques qu’elle va produire à partir de 1971. Quelques réalisateurs vont alors s’imposer comme des spécialistes du genre, à l’image de Chûsei Sone, auteur quasiment d’une cinquantaine de pinku. Il assoit sa réputation dès 1972 avec le réussi GRAINE DE PROSTITUEE qui remporte un franc succès public. Dès lors, il enchaîne les perles telle ce JOURNAL EROTIQUE D’UNE INFIRMIERE…
Cette infirmière n’est autre qu’Akémi qui ressent une attirance inavouable pour son frère. Un petit voyou qui travaille pour un yakuza spécialisé dans la photo pornographique. Akémi décide de laisser libre cours à sa libido en devenant call-girl pour ce maquereau mafieux.
JOURNAL EROTIQUE D’UNE INFIRMIERE est un film singulier dans l’histoire du genre car il brise de nombreux tabous, plus particulièrement ceux de l’inceste et de l’homosexualité masculine (la scène qui met en scène les deux amants va jusqu’à l’urologie, c’est dire si le spectacle est permissif). Le tout est troussé de manière intelligente, jamais moraliste ni inutilement obscène (y compris la scène de douche dorée). Ainsi cette pelloche s’extirpe, de par le fond, du tout venant du roman porno, la forme contribue également grandement à valoriser son sujet.
Ainsi Chûsei Sone signe une petite perle esthétique, à l’image du générique qui juxtapose une série de photos de type Marongiu montrant Akémi se laisser toucher avec plaisir par des inconnus dans le métro qui la mène à son travail. D’ailleurs, les lieux communs liés à la profession d’infirmière semblent peu intéresser le metteur en scène si ce n’est lors d’une scène qui utilise une technique de superposition d’images floues habituellement employée dans le cinéma d’action. Ce petit moment de poésie incongrue constitue l’une des nombreuses surprises qui parsèment cette bobine. JOURNAL EROTIQUE D’UNE INFIRMIERE procure donc tous les plaisirs inavouables que le cinéphile est en droit d’attendre du cinéma d’exploitation et plus particulièrement du roman porno.
Autre particularité du réalisateur : il tente, par tous les moyens les plus astucieux, de contourner la censure (d’où de nombreux plans savoureux) obligeant Dame Anastasie à disposer quelques caches disgracieux. La bande originale bien funky contribue également à dynamiser cette œuvre. C’est le groupe Cosmo Factory (hommage appuyé au Creedance Clearwater Revival et son album culte) qui la compose, on peut les apercevoir en live lors d’une scène.
Au final, JOURNAL EROTIQUE D’UNE INFIRMIERE est une bonne pioche dans le catalogue affriolant de la Nikkatsu, il fait partie des meilleurs films du genre. Loin de la richesse thématique d’un Noboru Tanaka, cette polissonnerie s’impose par son traitement réussi d’un sujet casse-gueule ainsi que sa beauté picturale.


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- Article rédigé par : Jérôme Pottier

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