Justine et Juliette

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Suède - 1975 - Mac Ahlberg
Titres alternatifs : Justine och Juliette
Interprètes : Marie Forså, Harry Reems, Anne Bie Warburg, Brigitte Maier

Réalisé au milieu des années ’70 par Mac Ahlberg, cette lointaine adaptation du Marquis de Sade se révèle surtout une plaisante comédie ponctuée de scènes pornographiques. Le fond sadien, pour sa part, est relégué au second plan, pour ne pas dire délaissé par un cinéaste surtout soucieux d’offrir un divertissement enlevé et plaisant.
L’intrigue suit les pas de deux sœurs parties découvrir le grand monde : la naïve et prude Justine ne sait pas comment gagner sa vie tandis que la délurée Juliette comprend vite comment tirer parti de son physique attrayant. Juliette aboutit finalement dans une maison close et jette son dévolu sur un riche Américain, Dan Miller, décidé à mourir d’épuisement entre les cuisses d’une prostituée à qui il lèguerait toute sa fortune…
Interprétée par Marie Forsa et Anne Bie Warburg, nos deux frangines incarnent des stéréotypes bien connus : l’une est blonde, naïve, virginale et désintéressée, l’autre nymphomane, obsédée par l’argent et manipulatrice. Prête à tout pour devenir riche, la perverse Juliette souhaite voir mourir d’épuisement un richissime Américain campé par la star du porno Harry Reems (GORGE PROFONDE) afin de toucher un héritage considérable. Cependant, lors d’une conclusion moralisatrice complètement à l’opposé des écrits de Sade, la vertu triomphera du vice et Justine touchera le pactole sans jamais l’avoir réellement voulu.

Prévisible et souvent lourd dans son humour volontiers grassouillet, JUSTINE & JULIETTE demeure pourtant une amusante comédie érotique, filmée à une époque où les frontières entre softcore et hardcore s’estompait. Le métrage est donc indubitablement pornographique mais les scènes chaudes sont courtes, enjouées et ne versent jamais dans la démonstration mécanique. Il s’en dégage, dès lors, une bonne humeur assez revigorante (dans tous les sens du terme !) quoique les deux comédiennes principales ne participent, elles, jamais à l’action explicite, laissant ce plaisir à une poignée d’actrices inconnues honorées par l’infatigable Harry Reems. Ce-dernier, lors d’une mémorable orgie finale, décide d’ailleurs de baiser jusqu’à l’épuisement et passe d’une fille à une autre avec une bonne santé exemplaire.

Réalisé avec soin par Mac Ahlberg (qui fut, par la suite, un célèbre directeur photo), JUSTINE ET JULIETTE s’inscrit dans la série d’adaptation érotico-humoristiques de classiques littéraires entamées par le cinéaste avec FANNY HILL et poursuivie par NANA, MOLLY ou encore BEL AMI.

Bien servi par une photographie flatteuse, une distribution charmante, un rythme soutenu et quelques gags amusants, JUSTINE ET JULIETTE n’est surement pas un impérissable chef d’œuvre mais dans le morne paysage de la pornographie actuelle, ce long-métrage dynamique apparait comme une véritable bouffée de fraicheur. A redécouvrir le sourire aux lèvres.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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